Les instituts familiaux de Trois-Rivières et de Cap-de-la-Madeleine : traditions et innovations

Résumé

Jusqu’à maintenant, lorsqu’elle s’est intéressée à l’éducation des filles, l’historiographie a cherché surtout à faire part des luttes menées pour l’accession de celles-ci à une formation professionnelle ou aux études classiques (de M. Dumont et N. Fahmy-Eid (dir.), Les couventines, 1986 à L.-H. Albert, L. Ferretti et al., Collège et collégiennes, 2005). Ces cheminements scolaires, en effet, ont été les plus susceptibles d’assurer l’émancipation économique et sociale des jeunes filles et de faire progresser les mentalités au sujet de l’égalité des hommes et des femmes. Notre recherche porte sur l’évolution de la conception de la femme au foyer au Québec au milieu du XXe siècle. L’abbé Albert Tessier, Trifluvien, est nommé, selon une volonté commune aux autorités ecclésiale et politique, visiteur-propagandiste des écoles ménagères en 1937. Ces écoles sont alors en période de stagnation. L’abbé Tessier, par les liens qu’il entretient avec les milieux pédagogiques, politiques et ecclésiastiques, réussit à s’entourer de personnes compétentes qui lui permettront d’attirer des jeunes filles vers une formation axée sur les rôles de mère et d’épouse et qui vise à rétablir les valeurs chrétiennes et familiales jugées par le clergé en détérioration rapide dans la société du milieu du XXe siècle. Après son arrivée à la tête du mouvement d’enseignement ménager, et en collaboration avec le père Alcantara Dion, l’abbé Tessier s’implique dans l’élaboration d’un nouveau programme axé sur la famille et les rôles de la femme dans cet univers plutôt que sur l’univers agricole et ménager traditionnel. Ce nouveau programme conserve une série d’éléments et de cours traditionnels, mais mise sur un renouveau pédagogique qui atténue les hiérarchies sociales et s’adapte à l’environnement dans lequel les jeunes filles devront vivre. De plus, des innovations proposées et testées par certaines congrégations religieuses permettent de modifier lentement le programme pour tenter de l’adapter aux nouvelles réalités sociales. C’est pourquoi, dans le cadre du présent travail, nous nous sommes concentrés sur les instituts familiaux de Trois-Rivières et de Cap-de-Ia-Madeleine tenus par les Filles de Jésus, congrégation ayant établi plusieurs liens avec Mgr Tessier. Cette adaptation amène un changement de nom des écoles pour l’adapter aux nouvelles réalités de cet enseignement. C’est ainsi qu’en 1950, peu de temps après sa prélature, Mgr Tessier modifie le nom des écoles pour instituts familiaux. En étant attentive aux valeurs diffusées dans les pages des manuels scolaires ainsi qu’aux sujets théoriques et pratiques qu’ils ont couverts ainsi qu’aux nombreux articles et ouvrages rédigés par des proches du mouvement d’enseignement familial, nous pourrons cerner l’évolution de la formation dispensée à celles dont on voulait principalement faire des épouses et des mères modèles; et, par là, saisir en quoi, sous la poussée entre autres des revendications féminines de ces années, la conception de la femme au foyer a pu se transformer peu à peu.

Année de publication
2012
Type
Mémoire de maîtrise
Université
Université du Québec à Trois-Rivières
Nombre de pages
103
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