Le réseau indépendantiste québécois dans les années 1930
L’historiographie québécoise affirme qu’il y a eu une recrudescence de l’idée d’indépendance dans les années 1930. Celle-ci était alors portée par divers groupes de jeunes : les Jeune-Canada, les Jeunesses patriotes, Vivre, Les Cahiers noirs, le Comité central autonomiste, La Nation, etc. On associe cette montée de l’indépendantisme à la crise économique qui a connu son apogée en 1933. À l’exception des Jeune-Canada et des indépendantistes de La Nation, ces groupes ont peu été abordés dans l’historiographie québécoise. Ce qui est innovateur dans ce mémoire, c’est la reconstitution des réseaux de relations entre ces différents groupes. Déterminer les liens et influences entre ces groupes a permis de mieux comprendre le phénomène indépendantiste et son évolution pendant la période 1933-1939. L’approche méthodologique de l’étude des réseaux est inspirée des idées de littéraires comme Michel Lacroix. Dans ce mémoire, les lecteurs pourront mieux comprendre l’évolution de l’idée indépendantiste dans les années 1930, ainsi que connaître les principaux indépendantistes de cette période, les idées qu’ils défendaient, les relations qu’ils entretenaient avec les aînés du nationalisme groulxien et l’audience qu’a reçue le réseau. Nous pouvons reconstituer le mouvement indépendantiste des années 1930 en trois périodes. Pendant la première période, de 1932 à 1936, le réseau est sous l’influence des Jeune-Canada, un groupe nationaliste qui s’inscrit parfaitement dans le nationalisme groulxien. Dans la période 1936-1937, le réseau est influencé par le fascisme mussolinien. Les indépendantistes de La Nation et des Jeunesses patriotes souhaitaient l’indépendance pour établir un État corporatif sur les rives du Saint-Laurent. Finalement, pendant la période 1937-1939, le réseau est moins actif. Seuls quelques indépendantistes continuent à l’alimenter par la publication de livres et brochures sur la question constitutionnelle du Québec. Il a été établi, que le chanoine Lionel Groulx, malgré ses réserves à l’endroit de la thèse indépendantiste, a été présent tout au long de l’existence du réseau indépendantiste des années 1930. Bien que l’abbé Groulx ait surtout participé au réseau lors de la période jeune-canadienne, les indépendantistes le considèrent toujours comme le « maître » lors des périodes suivantes. Parmi les principales figures du réseau, nous retrouvons André Laurendeau, Paul Bouchard et Dostaler O’Leary.