Le Bien public (1909-1978) : un journal, une maison d’édition, une imprimerie. La réussite d’une entreprise mauricienne à travers ses réseaux
Cette étude historique est consacrée au Bien public de Trois-Rivières. Fondé en 1909 par l’évêque de Trois-Rivières, Mgr F. X. Cloutier, Le Bien public est d’abord un hebdomadaire catholique, puis également une imprimerie. Lorsque la crise des années 1930 amplifie des difficultés financières déjà importantes, le journal trifluvien est menacé de faillite. L’abbé Albert Tessier, l’un des collaborateurs vedettes, propose de léguer Le Bien public à Clément Marchand, poète de la relève qui écrit déjà dans le journal, et à Raymond Douville, ancien secrétaire de l’éditeur Albert Lévesque. Avec l’aide de Tessier, ils arrivent à garder en vie l’hebdo, mais aussi à développer le secteur éditorial et une imprimerie commerciale. Jusqu’en 1978, les Éditions du Bien public publient au moins 250 titres et l’Imprimerie du Bien public obtient des contrats d’impression importants du gouvernement du Québec et de nombreux éditeurs québécois, dont Fides, Fernand Pilon, le Boréal express et les Écrits des Forges. Quelques revues sortent également des presses du Bien public, notamment Horizons, Marie et les Cahiers des Dix.
Plusieurs facteurs expliquent la longévité exceptionnelle du Bien public et son rayonnement à l’échelle de la province. Grâce à une diversité de sources, notamment la riche correspondance des trois dirigeants, j’ai voulu montrer le rôle clé des réseaux dans cette longue aventure. En effet, les contacts de Marchand, Douville et Tessier dans le milieu littéraire, au sein du gouvernement et dans le monde clérical, contribuent de façon significative à la réussite de l’entreprise régionale. Nous verrons que les réseaux des dirigeants se transforment au fil des ans. Pour mettre en évidence ces changements, la thèse suivra une progression chronologique. Plusieurs outils et stratégies d’analyse sont inspirés de la sociologie et des études littéraires.