Laïcité et identité québécoise dans les années 1960 : le mouvement laïque de langue française
Le Mouvement laïque de langue française (MLF), dont la période d’activité est de 1961 à 1969, est un groupe ayant fait la promotion de la laïcité au Québec durant la Révolution tranquille. Le MLF est issu de la confluence de mouvements dénonçant le cléricalisme sous le régime de Maurice Duplessis, d’une volonté de réformer le système d’éducation, ainsi que d’une prise de conscience du pluralisme croissant de la société québécoise. Concentrant ses activités principalement dans le domaine scolaire, le MLF a notamment fait la promotion à la commission Parent (instituée quelques semaines avant sa fondation) de l’urgence de réformer le système scolaire vers une éducation divisée selon la langue plutôt que selon la religion et vers un secteur neutre, respectueux des libertés de conscience des minorités. Cette entreprise s’est avérée une demi-victoire pour le MLF, qui a vu les minorités religieuses et non confessionnelles être intégrées à un réseau demeuré confessionnel, quoique plus ouvert et tolérant sur le plan religieux.
Toutefois, l’évolution du MLF traduit la manière dont s’est laïcisé le Québec lors de la Révolution tranquille. Son arrivée sur la scène publique illustre une prise de conscience du pluralisme de la société, que les institutions publiques, en pleine réforme, doivent prendre en considération. Par la suite, il devient plus radical, adopte une conception plus sociale, plus identitaire de la laïcité, ce qui l’amène graduellement à subsumer son combat dans la question nationale du Québec. Somme toute, le MLF, qui s’identifie ouvertement à la culture francophone, témoigne d’une mutation de l’identité québécoise, qui se dissocie de ses références religieuses pour s’axer davantage sur une identité linguistique.