La correspondance de la famille de Théodore-Jean Lamontagne (1852-1925) : La lettre, véhicule d’une expérience migratoire

Résumé

Cette thèse se penche sur la correspondance que la famille de Théodore-Jean Lamontagne a échangée de 1852 à 1925. L’hypothèse soutenue veut que ce corpus épistolaire soit le véhicule d’une expérience migratoire. En effet, neuf des quinze enfants de cet homme d’affaires gaspésien se sont volontairement expatriés aux États-Unis et dans l’ouest canadien sans jamais briser le lien qui les unissait.

Le présent travail cherche à dégager les caractères de la mobilité qui les a emportés au loin. La lettre objet, instrument et discours est le premier sujet abordé. Comme objet, elle est mémoire consignée puis conservée pour sa valeur de témoignage. Elle est message par sa matière et sa présentation, rendant compte de la condition sociale de ses auteurs, des atouts dont ils disposaient et des contraintes que leur terre d’adoption leur a imposées. Elle est lieu du discours quand, compensant l’absence de l’autre, le migrant y traduit ses besoins et assimile son vécu. Instrument, elle devient substitut familial, support psychologique et source de délivrance.

Témoin des parcours individuels, la lettre est souvent porteuse d’un modèle de réussite, mais elle rend compte aussi des échecs personnels. Sa lecture révèle les ambitions qui peuvent expliquer des départs, les horizons d’attente qui animaient les parcours individuels les plus représentatifs chez les enfants de Théodore-Jean et d’Angélique Roy. L’analyse de cette correspondance offre l’occasion de démonter les mécanismes décisionnels quand vient le temps de partir. Il apparaît que la mobilité familiale fut une réponse imposée par les contraintes du présent, mais qu’elle a aussi été un choix exercé dans le cadre de stratégies familiales héritées du passé.

En s’écrivant, les membres de la fratrie se sont réunis dans un espace épistolaire commun, rien de moins qu’une troisième dimension. Cette réalité, tangible par la masse documentaire en soi, se veut indicative par son contenu des déplacements de la famille à travers le continent. Considérée à un autre niveau, elle devient un univers immatériel, partagé entre le psychologique et le mental, où s’exprime le sentiment d’appartenance de ses auteurs. Le contact régulier de la famille avec l’extérieur ayant élargi leurs horizons, la lettre, miroir d’une époque, renvoie l’empreinte que les grands événements du temps ont laissée sur la destinée du groupe.

Année de publication
2011
Type
Thèse de doctorat
Université
Université Laval
Nombre de pages
346
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