Ernest Lapointe: Quebec’s Voice in Canadian Foreign Policy, 1921-1941
Ernest Lapointe influençait la politique des affaires extérieures du Canada. Une telle affirmation, quand elle est offerte sans plus de précision, est aussi vide et dénuée de sens que les affirmations comme « le Québec a toujours dominé la politique canadienne », ou « le Québec n’a jamais eu aucun mot à Ottawa ». Cette étude aura pour but de déterminer à quel point – et comment – Lapointe influençait la politique étrangère du Canada entre 1921 et 1941.
Ses fonctions officielles, ministre de la pêche (1921-1924) et de la justice (1924-1926, 1926-1930, 1935-1941), ne suggèrent pas une influence énorme sur la politique des affaires étrangères. Cependant, durant toute sa carrière, Lapointe voyait toujours son rôle à Ottawa comme représentant les Québécois francophones dans le cabinet fédéral; donc, il cherchait à influencer toutes les questions dans le domaine des affaires extérieures risquant de diviser les anglophones et les francophones. Les questions les plus explosives concernaient les relations avec la Grande-Bretagne, la politique canadienne à la Société des Nations, et le contrôle des « communistes ». Pour assurer que la voix de Québec fût entendue dans ces politiques, Lapointe ne pouvait pas compter sur l’aide du premier ministre Mackenzie King – un anglophone unilingue qui démontrait peu d’intérêt à comprendre la mentalité québécoise.
Afin de déterminer à quel point, et comment, Lapointe influençait la politique étrangère du Canada, cette étude mettra l’accent sur dix-huit décisions importantes. Lapointe n’a presque jamais partagé les opinions de l’impérialiste King; cependant, en comparant leurs opinions avec la décision finale en chaque cas, il devient évident que la voix du Québec est présente dans chaque décision – à certains moments, cette voix est même dominante. Lapointe utilisait une variété de ressources : son contrôle du caucus québécois, sa capacité de mener la population québécoise, sa loyauté envers King et sa menace de démission. L’importance relative de chacune des ressources évolua pendant trois périodes de sa carrière (1921-1929, 1930-1938, 1939-1941) mais Lapointe a toujours trouvé le moyen pour s’assurer que les politiques à Ottawa incluaient la voix du Québec. Son influence fut confirmée après sa mort, en novembre 1941, quand la voix du Québec tomba soudainement et visiblement silencieuse dans la politique étrangère de King.