Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France, XVIIe - XVIIIe siècles

Résumé

Boire est une expression de l’évolution des cultures, de leur adaptation au changement, dans le temps et dans l’espace : les pratiques de consommation d’alcool se transforment donc en fonction des groupes culturels et de leurs contextes historiques. Cette thèse veut montrer les façons dont les manières de boire se modifient et se construisent dans un nouvel environnement culturel, en décrivant et en analysant leur transfert de la France au Canada à l’époque de la Nouvelle-France. En privilégiant une approche anthropologique, l’étude se concentre donc sur le parcours de cette pratique culturelle qui, confrontée aux réalités coloniales, acquiert de nouvelles significations. Le croisement des sources écrites du Canada des XVIIe et XVIIIe  siècles, comme les récits de voyages et la correspondance officielle, avec les sources archéologiques, ont permis de cerner la dynamique du Boire à partir de deux groupes très dissemblables : d’une part, le groupe des colons français qui ont dû adapter leurs manières de boire à un contexte neuf et à des réalités fort différentes de celles de la France; d’autre part, le groupe des Amérindiens confrontés à une pratique inconnue qu’ils doivent intégrer à leur propre système culturel. L’analyse du circuit de distribution des boissons alcooliques révèle que l’on retrouve des quantités très fluctuantes de bière, vin et eau-de-vie dans la colonie tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles. La variété des vins et eaux-de-vie présente sur le marché colonial est cependant plus étendue que dans certaines régions de la France. Les colons d’origine européenne font grand usage de ces boissons dans plusieurs sphères de leur vie quotidienne, à l’instar de leurs pères, mais tendent à consommer davantage d’eau-de-vie. Pour les Amérindiens du Canada, qui ne connaissent pas les boissons alcooliques au moment de la période de contact, la consommation d’alcool est rapidement intégrée aux pratiques culturelles, où elle est réinterprétée et prend des formes fort différentes de celles qui prévalent alors en France.

Auteur
Catherine Ferland
Année de publication
2004
Type
Thèse de doctorat
Université
Université Laval
Nombre de pages
615
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