La vie littéraire au Québec. VI, 1919-1933 : le nationaliste, l’indivualiste et le marchand
Durant l’entre-deux-guerres, les partisans du régionalisme paraissent dominer toute l’activité littéraire. Toutefois, la grande presse, les magazines, les romans en fascicules puis, bientôt, la radio et le cinéma forment progressivement un marché culturel élargi, courtisant les jeunes et les ménagères, représentant le monde contemporain ou promettant l’aventure. Et c’est sans compter la poussée d’une jeune génération d’écrivains et d’écrivaines pressée d’en finir avec les vieilles querelles. Ils ont 25 ans en 1925, n’attendent pas leur tour et investissent la poésie, le roman, la scène, leur insufflant une bouffée d’air frais qui fait éclater les modèles traditionnels. L’espace littéraire des années folles à la crise économique est ainsi marqué par l’affrontement de ces trois forces. De L’appel de la race à La chair décevante, des Éditions Edouard Garand à la radio de CKAC, d’Aurore l’enfant martyre aux Fridolinades, les pratiques se diversifient et la littérature s’éloigne progressivement de la religion et de la politique. De ce bouillonnement émergent parfois des classiques, comme Un homme et son péché, qui traversent les barrières médiatiques et temporelles pour marquer de manière durable l’imaginaire collectif.
La vie littéraire au Québec est conçue d’abord comme un outil de référence scientifique qui tente de cerner le fait littéraire non seulement grâce à l’examen des textes eux-mêmes, mais aussi par l’analyse du processus de leur production et de leur réception. Cette histoire littéraire traite des mouvements et des tendances autant que des oeuvres et des auteurs singuliers.