Hélène Pelletier-Baillargeon (1932-2025)

19 fév 2025
Hélène Pelletier-Baillargeon
Photo : Presence-info.ca / François Gloutnay

Journaliste et écrivaine, pendant plus de soixante ans, Hélène Pelletier-Baillargeon a été un témoin privilégié des bouleversements de notre société. Formée en littérature à l’Université de Montréal, à la Sorbonne et à l’École Pratique des Hautes Études de Paris, elle se destinait à l’origine à une carrière d’enseignante. Toutefois, en lisant les chroniques de François Mauriac dans L’Express en pleine guerre d’Algérie, la future écrivaine comprend que « la littérature n’était pas qu’art décoratif, mais qu’elle pouvait faire œuvre sociale ». C’est ainsi qu’elle optera pour le journalisme.

Revenue au Québec en pleine Révolution tranquille après un long séjour en Europe, elle se joint en 1962 à l’équipe de rédaction de Maintenant, une revue fondée par des dominicains et des laïcs. Ses croyances spirituelles et politiques la mèneront à s’intéresser de près aux questions d’éducation, en particulier à celle offerte aux jeunes femmes. Jamais elle ne pourra accepter que les femmes demeurent des citoyennes de deuxième classe dans leur propre société. Jamais, non plus, elle ne pourra accepter que le Québec ne demeure qu’une province comme les autres parmi la fédération canadienne. Elle s’exprimera sur ces sujets et bien d’autres dans les pages du Devoir, de la revue Châtelaine et de Maintenant, dont elle prendra la direction en 1972, jusqu’à son engagement politique aux côtés du docteur Camille Laurin.

Passionnée par les questions d’actualité, son amour de la littérature l’a tout naturellement conduit à s’intéresser à l’histoire. Cette continuité entre la réflexion et l’action puisait dans de profondes racines, d’abord familiales, mais également nationales. C’est ce qui l’a menée à se joindre au conseil d’administration de la Fondation Lionel-Groulx en 1987, où elle a œuvré pendant plus de 28 ans. Elle laisse derrière elle un legs impressionnant. Également, à travers ses biographies consacrées à Marie Gérin-Lajoie (1985), Simonne Monet-Chartrand (1993) et Olivar Asselin (1996, 2002 et 2010), cette écrivaine a su produire une œuvre de qualité, mesurée, offrant un juste équilibre entre la rigueur journalistique et l’art du récit. Son souci du détail et de l’exactitude dans les faits n’a eu d’égal que la clarté de son propos.

Jacques Girard, Hélène Pelletier-Baillargeon, Elisabeth Gallat-Morin et Jacques-Yvan Morin à Outremont en 2015
Outremont, 2015 – Jacques Girard, président de la Fondation Lionel-Groulx, Hélène Pelletier-Baillargeon, membre honoraire, Élisabeth Gallat-Morin, musicologue, et Jacques-Yvan Morin, ministre de l’Éducation et vice-premier ministre du Québec de 1976 à 1984.

« Sous la couche épaisse de nos actes, notre âme d’enfant demeure, inchangée; l’âme échappe au temps », écrivait François Mauriac. Lire Hélène Pelletier-Baillargeon, c’était retrouver cette jeunesse d’âme intacte, chaque fois aussi aiguisée et lumineuse, autant dans ses engagements que dans ses écrits.

La Fondation Lionel-Groulx offre ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches de madame Pelletier-Baillargeon.