
Gilles Villeneuve, la passion de courir
Né le 18 janvier 1950, à une époque où les courses automobiles étaient peu suivies au Québec, surtout au niveau de la Formule 1, Gilles Villeneuve aurait célébré son 75e anniversaire cette année.

Des débuts modestes
Connu pour son style flamboyant et sa ténacité hors catégorie, c’est pourtant dans un milieu très modeste que Gilles Villeneuve a fait ses débuts aux côtés de son frère Jacques : celui de la course de motoneige. Ce ne sera qu’après avoir remporté les titres de Champion du Québec, du Canada et d’Amérique du Nord de 1969 à 1974 qu’il fera le saut vers la course automobile. Après une année en Formule Ford, en 1975, il passe à la Formule Atlantique.
Avec sa remarquable dextérité et sa capacité exceptionnelle à se sortir des situations les plus difficiles, Gilles Villeneuve fait sa marque. Il termine sa première saison au 5e rang du championnat. En 1976, en Formule Atlantique, il affronte plusieurs pilotes de Formule 1 invités pour la compétition, dont le champion du monde James Hunt. Leur présence n’intimide pas Gilles Villeneuve; bien au contraire. Il remportera 9 de ses 10 courses, devenant ainsi le champion du Canada et de l’Amérique du Nord. Cette performance impressionne tellement son rival Hunt qu’il le recommande au grand patron de l’écurie de Formule 1 McLaren.
Coup de foudre pour Ferrari
En 1977, après une seule saison chez McLaren, Gilles Villeneuve fait la rencontre d’Enzo Ferrari. Séduit par le courage et la désinvolture de « ce jeune fou du Québec », Ferrari est convaincu d’avoir devant lui un futur grand champion. C’est ainsi que Gilles Villeneuve intègre la plus prestigieuse écurie du monde de la Formule 1.
Le 8 octobre 1978, il participe au premier Grand Prix du Canada sur la nouvelle piste de course de l’île Notre-Dame à Montréal. Il y affronte le Français Jean-Pierre Jarier. Au 37e tour, Jarier est premier, devançant Villeneuve par plus de 32 secondes. Au 49e tour, Jarier doit abandonner la course à cause d’un problème mécanique. Gilles Villeneuve prend alors la tête avec sa célèbre Ferrari no 12. Sachant trop bien que tout peut arriver en Formule 1, il tient bon pendant plus de 20 tours, refusant de se laisser dépasser par qui que ce soit. Au fil d’arrivée, il devance son coéquipier Jody Scheckter par plus de 13 secondes et remporte le Grand Prix du Canada. Pour Gilles Villeneuve, c’est plus qu’une victoire, c’est un véritable triomphe !
Le plus rapide de la Formule 1
En moins d’un an, le pilote aura réussi à maîtriser son art. En 1979, il cumule trois victoires et il est nommé le pilote le plus rapide de la saison. Après une saison désastreuse en 1980, il revient plus déterminé que jamais en 1981. Lors du Grand Prix d’Espagne à Jarama, il profite du retrait hâtif du champion du monde Alan Jones pour prendre la tête et remporter la course. En fin de saison, à Montréal, malgré la pluie et un accrochage qui le force à courir avec un aileron avant retroussé en l’air, il réussit à terminer la course en 3e place.
Le 8 mai 1982, lors d’un essai au Grand prix de Belgique à Zolder, Gilles Villeneuve percute la March de Jochen Mass. Sa voiture se met à faire des tonneaux, le projetant dans les airs. Il meurt de ses blessures quelques heures plus tard. Il laisse derrière lui deux enfants, dont son fils Jacques qui suivra ses traces.
Audace et simplicité
Ce qui frappait chez Gilles Villeneuve, c’était son audace et sa témérité. Sur la piste, il était absolument impitoyable : il usait sa voiture quitte à la dégrader, en exploitant toutes ses capacités. Même si sa voiture devait en payer le prix, il agissait en se disant « tant pis » et en s’adaptant toujours aux imprévus (par exemple, lorsqu’il perdait une roue). Si cette énergie et cette audace lui ont coûté la vie, elles lui ont certainement mérité le respect des autres pilotes et l’admiration du public. En dehors des courses, Gilles Villeneuve redevenait un homme modeste, d’une grande simplicité, s’exprimant avec beaucoup de franchise et demeurant toujours très attaché à sa famille. Il aura fait vibrer les foules et il était la fierté des Québécois.