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De la « terre avancée » à l’UNESCO : une brève histoire d’Anticosti
Il y a cinquante ans de cela, le gouvernement du Québec rachetait Anticosti, au terme de plusieurs mois de négociations. Pour souligner l’occasion, il convient de brièvement rappeler le passé riche et curieux de ce joyau du territoire québécois qui, avant d’être transformé en parc national au début des années 2000, a connu plusieurs destinées.
Anticosti au gré des siècles
Baptisée « île de l’Assomption » par Jacques Cartier lors de son voyage de 1534, Anticosti est alors fréquentée depuis plusieurs siècles par les Micmac, qui la surnomment Natigôsteg, la « terre avancée », et par les Innus, qui l’appellent Notiskuan, « là où les ours sont chassés ». Ce n’est qu’au début du 17e siècle qu’elle devient Anticosti. En 1680, Louis XIV la cède à Louis Jolliet, l’explorateur du Mississippi et des Grands Lacs. L’île demeure la propriété de ses héritiers jusqu’à la conquête britannique, en 1763.
Durant plus d’un siècle, Anticosti appartient tour à tour à la colonie anglaise de Terre-Neuve, à la Province de Québec après 1774, au Bas-Canada après 1781, puis à la province du Canada après 1841, avant de devenir la propriété du gouvernement du Québec en 1867. Elle ne se développe alors que très peu, à l’exception de trois phares qui y sont construits afin de prévenir les fréquents naufrages. Achetée en 1872 par l’Anticosti Company, l’île est de nouveau vendue en 1884 aux frères Stockwell, des hommes d’affaires britanniques, qui cherchent bientôt à la revendre. C’est un riche chocolatier français, Henri Menier, qui en fait finalement l’acquisition en 1895.
Henri Menier, friand de chasse et de pêche, y introduit plusieurs espèces, dont le cerf de Virginie. Anticosti est toutefois de nouveau vendue en 1926 à la Wayagamack Pulp and Paper Company, qui devient en 1931 la Consolidated Paper Company Ltd (CP). À la veille de la Seconde Guerre mondiale, en 1937, un groupe d’investisseurs allemands proches d’Adolf Hitler visite Anticosti, feignant un intérêt pour son potentiel forestier. L’affaire, rapidement portée à l’attention du gouvernement canadien, fait les manchettes. Les négociations avec la CP ne sont abandonnées qu’en septembre 1938, au grand soulagement du gouvernement fédéral.
Le rachat d’Anticosti
Au début des années 1970, la Consolidated-Bathurst Inc., une société créée après l’achat de la CP par la Power Corporation, songe à vendre l’île, jugée peu rentable. En 1972, le ministre fédéral Jean Chrétien propose au chef de la direction de Power Corporation, Paul Desmarais père, de racheter Anticosti afin d’en faire un parc national. Soucieux de maintenir de bonnes relations avec Québec, Paul Desmarais préfère avertir Robert Bourassa, premier ministre du Québec, qui s’y oppose catégoriquement. Durant deux ans, rien ne se passe. En avril 1974, le gouvernement fédéral décide d’aller de l’avant avec le projet, et en informe Bourassa. Un revirement de situation majeur s’ensuit : durant la nuit qui précède la conférence de presse où Ottawa prévoit annoncer son projet, le gouvernement Bourassa exproprie l’île et en devient propriétaire !
Le 15 décembre 1974, après plusieurs mois de négociations, Québec s’entend finalement avec la Consolidated-Bathurst pour 23 millions de dollars. On désigne alors le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche pour s’occuper du territoire. Quelques années plus tard, en 1982, le gouvernement québécois octroie des droits aux résidents de l’île, qui y aménagent trois pourvoiries. Une municipalité, celle de L’Île-d’Anticosti, est aussi constituée.
Anticosti aujourd’hui
Dès le rachat de l’île par Québec, on évoque l’idée d’y créer un parc national. Le projet est de nouveau mis de l’avant vers la fin des années 1980 par la MRC de la Minganie. Au fil des années, les études se succèdent afin d’analyser la création d’une aire protégée dans le secteur de la rivière Vauréal. Le projet devient réalité le 26 avril 2001 lorsque Québec annonce la création du parc national d’Anticosti, dont l’administration est confiée à la SÉPAQ, une société d’État créée en 1999.
Quoique l’ombre de l’exploitation pétrolière ait plané un temps sur ce paradis naturel, la pérennité d’Anticosti et de son parc est désormais assurée. L’île est aujourd’hui fréquentée par des milliers de visiteurs venus admirer sa vaste beauté, pêcher dans ses riches rivières ou chasser le cerf de Virginie, qui y abonde en l’absence de prédateur naturel. Depuis 2023, Anticosti figure aussi au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui a reconnu la richesse de ses fossiles, qui témoignent de la présence de la vie depuis plus de 430 millions d’années.