Colauréats 2012 : Martin Jalbert et Pierre Nepveu

16 oct 2012

Le Prix de la critique littéraire Jean-Éthier-Blais 2012, décerné annuellement par la Fondation Lionel-Groulx à l’auteur du meilleur livre de critique littéraire paru au Québec pendant l’année précédente, portant sur la littérature québécoise de langue française et écrit en français, est attribué ex æquo à Pierre Nepveu pour sa biographie Gaston Miron. La vie d’une homme (Boréal) et Martin Jalbert pour son essai Le sursis littéraire. Politique de Gauvreau, Miron, Aquin (Les Presses de l’Université de Montréal). Ce prix est accompagné d’une bourse de 3000 $, que les lauréats se partageront.

Le jury, présidé par Gilles Dupuis et composé de Catherine Leclerc et Jean-François Bourgeault, a été impressionné par le caractère monumental de l’entreprise de Pierre Nepveu, tant sur le plan de la recherche documentaire que sur celui de la mise en contexte de la vie et l’œuvre de Miron dans l’histoire culturelle du Québec. Quant au livre de Martin Jalbert, il se démarque également par l’originalité et la profondeur de sa lecture critique de trois auteurs majeurs de la littérature québécoise.

Le sursis littéraire. Politique de Gauvreau, Miron, Aquin

L’essai original de Martin Jalbert propose une relecture critique en profondeur de l’inscription du politique dans l’œuvre de trois auteurs majeurs du Québec. Le « sursis littéraire » (Nepveu), dont il est question ici, est moins l’appellation d’une « littérature en sursis » que l’expression de l’invalidation de la « politique de l’émancipation » à l’œuvre dans les poétiques de Gauvreau, Miron et Aquin. En abordant son corpus d’un point de vue philosophique, par le biais notamment de la notion d’ « inconscient esthétique » (Rancière), l’auteur montre de manière cohérente et convaincante comment la dimension esthétique des textes littéraires est indissociable du projet politique qui les sous-tend. Il témoigne aussi des contradictions inhérentes à toute exigence d’écriture prise entre les contingences de la langue et la nécessité d’une parole souveraine. C’est à un véritable exercice intellectuel, fondé sur la clarté du propos et la logique de l’argumentation, que se livre et nous convie cet essai audacieux.

Gaston Miron. La vie d’un homme

Fruit d’un patient et consciencieux travail de recherche et d’écriture qui s’est échelonné sur une période de dix ans, Pierre Nepveu nous livre dans cet ouvrage monumental la biographie de celui que la postérité a consacré, de son vivant, « poète national » du Québec. Sans sacrifier la vie de l’homme à la tentation hagiographique, tout en reconnaissant la dimension mythique du personnage, l’auteur éclaire dans son essai biographique le rôle crucial que Gaston Miron a joué dans le façonnement du Québec moderne. À travers l’homme, le poète, l’éditeur et une mise en contexte judicieuse, c’est l’histoire d’une nation et de son institution littéraire qui revit, avec ses contradictions et ses tensions, mais aussi sa volonté d’affirmation et d’émancipation. Ouvrage de référence indispensable pour quiconque s’intéresse à la vie et l’œuvre de Miron, « La vie d’un homme » (Ungaretti) est aussi le vibrant hommage d’un poète à un autre poète, par la voix même de la poésie.

Allocution de Martin Jalbert, colauréat

Ce prix qui m’est décerné pour un livre issu d’un travail de plusieurs années est un honneur qui me réjouit hautement. J’ignore encore quelle est la source la plus importante de cette réjouissance : le prix lui-même et la mémoire des anciens lauréats qui lui reste attachée ; la reconnaissance dont est porteur le jugement d’un jury composé de lecteurs de grande qualité, que je tiens en haute estime et que je remercie du fond du cœur ; ou l’ex aequo avec Pierre Nepveu.

Pierre Nepveu n’a pas seulement contribué, à titre de directeur de la collection « Nouvelles études québécoises » des Presses de l’université de Montréal, à la mise en forme définitive de l’ouvrage avec lequel il partage le prix. Il est présent à travers tout le livre, et pas seulement quand il est question de Miron. Un extrait de L’écologie du réel m’a permis de forger le titre (Le sursis littéraire) :

La littérature n’existe peut-être vraiment, comme pratique spécifique, qu’à partir du moment où elle peut imaginer sa propre mort, prévoir le jour où elle deviendra inutile. [...] Dès lors, elle ne peut subsister qu’en sursis, en attente de l’événement.

Je ne développe pas autre chose dans ce livre. Je me suis d’abord dit que les membres ne s’en étaient pas rendu compte, qu’ils s’étaient trompés et que je devais récolter les honneurs comme s’ils m’étaient vraiment destinés ! Je me suis ensuite dit qu’ils sont beaucoup plus malins que moi et ils se sont rendus compte que Pierre Nepveu était le versant québécois de la pensée impliquée dans mon travail, essentiellement venue d’ailleurs, et donc qu’il s’imposait de me donner un prix ex aequo donc inséparable du nom de Pierre Nepveu. Qu’importe. Ce jumelage est pour moi un immense honneur.

Ceci dit, la possibilité que les membres du très estimable jury se soient trompés en me décernant ce prix reste entière. J’ai écrit ces pages en me demandant le plus souvent possible, non pas si ce que j’écrivais rendait compte avec justesse de ce que je pensais, mais si ce que j’écrivais était quelque chose qui puisse être pensé. Ce prix me rassure quand même un peu. Je me sens de moins en moins seul à juger qu’on peut penser une série de choses sur les œuvres analysées. Si bien que je vais finir par penser que je peux donc me mettre à les penser pour vrai !

Mais le plus intéressant des malentendus, qui n’implique pas du tout le jury, tient au fait de recevoir, pour un livre traversé par la conviction que les hommes et les femmes ont toujours la possibilité de s’affranchir eux-mêmes des conditions de leur assujettissement, un prix relié à une fondation dont le conseil d’administration a récemment élu Pierre-Karl Péladeau, une des figures, sinon la figure par excellence de ce qui a été récemment identifié comme les conditions de l’assujettissement collectif : soit l’offensive contre la diversité d’opinion et de l’information; l’offensive contre les salaires et les conditions de travail; l’offensive idéologique contre les mécanismes de la solidarité collective, contre les droits collectifs, contre la poursuite de fins collectivement élaborées et contre les acteurs de la contestation de l’ordre du monde et des discours qui en justifient les injustices et les inégalités. On m’a dit de ne pas trop m’en faire; on m’a parlé de la beauté des malentendus de ce genre. Je m’en voudrais de ne pas attirer à votre attention la beauté de celui-ci.

Ce prix ne met pas seulement Pierre Nepveu à l’honneur. Il met aussi à l’honneur, une fois de plus, Gaston Miron. Je ne le soulignerais pas si c’était pour dire que la poésie de Miron est bien vivante dans les études québécoises. Je le souligne précisément parce qu’elle est bien vivante au delà des études québécoises, dans ce que la société actuelle a de bon : des gens qui luttent et qui luttant s’approprient les mots qui nomment des réalités communes et qui nourrissent ou font advenir l’espérance et l’endurance. On doit au Printemps érable de nous avoir donné l’occasion d’entendre de nouvelles résonances de plusieurs vers mironiens, dont

  • le dernier vers du poème liminaire de L’homme rapaillé, maintes fois repris dans sa forme collectivisée : « nous sommes arrivés à ce qui commence ».
  • la finale, citée ici et là, de « Recours didactique » : « je suis sur la place publique avec les miens [...] / j’ai su qu’une espérance soulevait ce monde jusqu’ici » ;
  • le poème « Monologues de l’aliénation délirante », lu intégralement par un manifestant à d’autres manifestant-e-s encerclé-e-s par l’escouade anti-émeute dans la nuit du 22 et 23 mai, au moment où elle arrêtait plus de 700 manifestant-e-s désarmé-e-s ;
  • la finale d’un poème de 1957, « La route que nous suivons », citée dans un discours intelligent et audacieux de Gabriel Nadeau-Dubois : 

nous avançons nous avançons le front comme un delta
Goodbye farewell
nous reviendrons nous aurons à dos le passé
et à force d’avoir pris en haine toutes les servitudes
nous serons devenus des bêtes féroces de l’espoir

  • le poème « L’amour et le militant », que s’est superbement approprié, dans une intervention lors d’une soirée de « Mots et images de la résistance » le 19 juin, Camille Toffoli, une étudiante engagée :

quand je te retrouve après les camarades
le monde est agrandi de nos espoirs de nos paroles
et de nos actions prochaines dans la lutte

Autant de vers, de poèmes que j’avais un peu oubliés, sinon négligés, délaissés dans mon analyse de Miron, tout englués qu’ils étaient dans un éclairage fourni par d’autres contextes auquel on ne cessait de les ramener ; des vers, des poèmes qui se trouvaient désormais, du fait d’une effervescence inattendue et d’un monde « agrandi de nos espoirs de nos paroles » partagés, nouvellement illuminés, défaits du paradigme national, « dépaysés » (encore Nepveu) ; des vers, des poèmes disant avec justesse non seulement l’espoir, mais surtout l’espérance, la générosité, l’amour. Ces vers, dans leur bouche, ne pouvaient qu’émouvoir celui qui avait passé quelques années en la compagnie de la poésie de Miron et l’émotion qui me venait n’était pas le fait d’un malentendu, mais bien d’assister à une véritable appropriation de ces mots par des êtres tour à tour ignorés, méprisés, diabolisés et matraqués, et qui ont su, par leur geste et parole, agir comme cette poésie « avec du cœur à revendre / de perce-neige [...] / de perce-confusion perce-aberration ».

C’est à ces lecteurs et lectrices qui ont enrichi ma lecture de Miron; qui ont permis, à la faveur de ces mots, de faire apparaître la figure neuve et pourtant ancienne d’un peuple en lutte, tournant le dos à une certaine nation exigeant qu’on se réconcilie avec les élites dominantes, un peuple plutôt en phase avec ce qu’on peut désormais appeler le printemps des peuples, des indignés d’ici et d’ailleurs jusqu’aux révolutions de nos sœurs et de nos frères du monde arabe; c’est à ces lecteurs et lectrices de Miron qui ont fait résonner ces mots tels qu’ils devaient résonner au moment où Miron les forgeait, c’est-à-dire quelque part sur la longue route unissant les êtres et les peuples portés par l’espoir et l’effort de mettre fin aux dominations; sur cette route où les vers de Miron, comme salut de même humanité des hommes lointains, faisaient écho, par exemple, aux vers du poète algérien Jean Amrouche :

Alors vint une grande saison de l’histoire
portant dans ses flancs une cargaison d’enfants
indomptés
qui parlèrent un nouveau langage
et le tonnerre d’une fureur sacrée :
[...]
Nous avons faim et soif
D’un amour humain

c’est à ces lecteurs et lectrices que je souhaiterais dédier ce prix, s’il y a un sens à le faire ici, parce qu’avec elles et eux « L’espoir n’est plus seul » ; « l’espérance a fini de n’être que l’espérance ».

Et pour rendre plus concrète cette dédicace, j’ai décidé de verser l’argent qui accompagne ce prix à quelques organisations qui sont engagées dans des combats pour un monde plus juste, plus libre et plus égalitaire :

  • à l’organisme Je donne à nous, dont la mission est de soutenir financièrement les personnes judiciarisées en raison de la violation régulière des libertés fondamentales par les forces de l’ordre lors du printemps québécois ;
  • à l’organisme CUTV, la télévision communautaire qui a offert une véritable couverture médiatique intense et intelligente sur le terrain, sur le terrain du mouvement populaire, à mille lieux des représentations et des discours des média de masse, surtout les médias conglomérés ;
  • enfin, à Solidarité sans frontières, un réseau d’entraide, de soutien et de lutte pour la justice et la dignité des migrant-e-s sans-papiers, qui comptent parmi les êtres humains les plus vulnérables de nos sociétés et dont l’existence parmi nous montre que « nous n’avons pas su lier nos racines de souffrance / à la douleur universelle dans chaque homme ravalé ».

Allocution de Pierre Nepveu, colauréat

Pour commencer, je veux remercier la Fondation Lionel-Groulx et son directeur Pierre Graveline de nous accueillir ce soir, tout en ajoutant que si je suis loin d’être insensible au malaise exprimé par Martin Jalbert, un malaise tout à fait légitime et qui témoigne de son engagement et de ses convictions, je reçois surtout ce prix comme la reconnaissance d’un jury littéraire autonome, que je remercie très chaleureusement. Ce prix, je l’accepte aussi dans le sillage de la tradition de qualité qui a toujours caractérisé le prix Jean-Éthier-Blais, comme en témoigne la liste impressionnante des lauréats au fil des années. Cette force, ce pouvoir de questionnement, cette aventure intellectuelle de l’essai que reconnaît un tel prix, je les considère évidemment essentiels à la vie d’une littérature et bien sûr, de la littérature québécoise dont il est question ici.

En cherchant à être assez bref, je voudrais aborder trois points de vue surtout au sujet de l’honneur que vous me faites ce soir.

En premier lieu, la question se pose (et notre jury n’a pas pu ne pas se la poser) : une biographie est-elle, à strictement parler, un essai ? Je dois avouer que tout au long de l’écriture de ce livre, mon souci a souvent été de mettre en échec l’essayiste en moi, d’éviter que prennent trop d’ampleur les analyses et les développements réflexifs (sur la poésie, sur la langue, sur le politique), bref de tenir en laisse la pensée, sans pourtant qu’il ait jamais été question d’y renoncer au profit d’un déluge d’anecdotes. En fait, ce que j’ai constaté en écrivant ce récit de vie, — mais certains philosophes comme Paul Ricoeur me l’avaient déjà suggéré — c’est que la narration est aussi une forme de pensée, car raconter une vie si l’on veut éviter toute trivialité, et en l’occurrence une vie d’écrivain, ce ne peut être qu’interroger son sens, déployer la signification d’une existence et d’une œuvre à la fois dans leur orientation propre et aussi dans l’histoire. Le récit et l’essai sont ici complémentaires, fortement imbriqués même l’un à l’autre. Bref, j’aime croire que si l’essai, dans le récit biographique, est une pratique forcément impure, celle-ci est celle d’une pensée en prise sur le devenir, sur la vie concrète d’un homme dans son temps et son milieu, sur l’œuvre et les actions qu’il y a réalisées.

En second lieu, je veux saluer l’heureuse coïncidence qui me fait côtoyer ce soir comme co-lauréat Martin Jalbert, chez qui l’essai assume pleinement son pouvoir de questionnement, son aptitude à explorer avec fougue et nouveauté le terrain miné des rapports entre littérature et politique, en-dehors des stéréotypes habituels. L’essai que vous couronnez ce soir avec le mien, nous rappelle que c’est par et dans le langage d’abord que nous sommes des êtres politiques, des citoyens engagés dans le dialogue démocratique , tout en trouvant chez les écrivains, chez les meilleurs en tout cas, cette relance constante du sens nécessaire au renouvellement du réel, sans quoi le politique ne serait que redite et stagnation.

Cette coïncidence, naturellement, est d’autant plus réjouissante et inhabituelle qu’elle est double. D’une part en effet, elle tient au fait qu’à titre de directeur de la collection « Nouvelles études québécoises » aux Presses de l’Université de Montréal (un rôle qu’assume depuis le mois dernier nul autre que Gilles Dupuis !), j’ai pu accompagner la publication du livre de Martin Jalbert et en mieux mesurer toutes les qualités, toute l’exigence intellectuelle. La deuxième coïncidence, la plus importante, c’est évidemment le fait que Gaston Miron, qui est mon objet, occupe aussi une place si importante dans Le sursis littéraire. Mais dès qu’on parle des liens entre littérature et politique, peut-on parler encore d’une coïncidence au sujet de Gaston Miron ? Il me semble à cet égard que si le propos de Martin et le mien se rejoignent quelque part, si différents soient-ils l’un de l’autre, c’est autour de cette pensée à la fois lyrique et critique de la langue chez Miron, conférant d’une part des pouvoirs immenses à la langue poétique, jusqu’à y chercher une forme d’éternité, comme je le suggère dans mon ouvrage, mais mesurant aussi en toute lucidité que la littérature n’est pas tout, et que la situation concrète, politique, de la langue, y compris de tout ce qui peut compromettre son usage et troubler sa justesse, ne saurait être négligé ou occulté, faute de quoi la poésie, la littérature elles-mêmes deviendraient futiles. Et faut-il dire à quel point une littérature de loisir ou de décoration n’était pas l’affaire de Gaston Miron ?

Le troisième et dernier volet de mon propos, c’est celui de la simple gratitude. D’abord à l’égard d’une personne qui n’est pas parmi nous ce soir et qui constitue aussi un autre lien entre Martin Jalbert et moi : je parle de Marie-Andrée Beaudet, qui a accompagné dans son premier état le travail de Martin et sans laquelle je n’aurais moi-même probablement jamais entrepris cette longue investigation de la vie de Gaston Miron. Gratitude aussi à l’égard de mes premiers lecteurs : François Ricard, lui-même déjà lauréat du prix Jean Éthier-Blais pour sa biographie de Gabrielle Roy, Michel Biron, un autre essayiste de grande qualité, doublement lauréat du prix Jean Éthier-Blais, et qui a été pour moi un lecteur à la fois indispensable, éclairé et généreux — sans oublier Louise Nepveu, dont l’œil à la fois sympathique et critique (surtout pour mes défaillances linguistiques) m’a beaucoup soutenu.

Enfin (et cet « enfin » est tout le contraire d’un appendice), comment ne pas dire merci, de tout cœur, à l’équipe entière de Boréal, à Pascal Assathiany et à Jean Bernier et à tous ceux et celles qui, rue Saint-Denis, ont reçu, amélioré, soutenu, accompli ce livre représentant un énorme défi éditorial et d’abord matériel (ce qui se mesure encore aujourd’hui par le simple poids de l’ouvrage ! – que bien des lecteurs m’ont fait remarquer et même gentiment reproché…). L’appui de Boréal, sensible à toutes les étapes de cette aventure, y compris dans les prolongements et les retombées de la publication du livre à la fin août 2011, je ne saurais trop en souligner la valeur, qui dépasse de loin les simples enjeux professionnels.

Merci encore une fois au membres du jury, à ma compagne Francine Prévost qui a toléré durant mes longues années de recherche et d’écriture mes détours et mes absences, à vous tous d’être venus ce soir — et je salue pour finir cet absent qui insiste pourtant toujours à se présenter, qui persiste à faire entendre sa voix et se trouve au milieu, en creux, de notre réunion : à Gaston Miron, salut !

Soirée de remise du prix Jean-Éthier-Blais 2012.
Jean-François Bourgeault, Claude Béland, Gilles Dupuis, les lauréats Martin Jalbert et Pierre Nepveu, Catherine Leclerc et Pierre Graveline, lors de la soirée de remise du prix Jean-Éthier-Blais décerné ex æquo à Martin Jalbert et Pierre Nepveu le 16 octobre 2012. Photo : Étienne Lafrance.