La naissance d’une race. (Deuxième édition)

La naissance d’une race. (Deuxième édition)

Auteur(s)
Lionel Groulx
Parution
1930
Lieu de publication
Montréal
Nombre de pages
292
Éditions
1ère éd. : Bibliothèque de l’Action française, 1919; 2e éd. : Librairie d’Action canadienne-française, 1930; 3e éd. : Librairie Granger frères, 1938.
Description

Le mot « race » ne prétend point ici à son sens rigoureux. Il n'en veut pas moins exprimer la personnalité bien nette, bien caractérisée, d'un groupe ethnique qui est le nôtre. Nous constituons une variété dans la famille française. Distincts, nous le sommes, non seulement par le pays, par l'allégeance politique, par une histoire et des traditions qui nous sont propres, mais aussi par des caractères physiques et moraux déjà fixés et transmis avec la vie, dès la fin du dix-septième siècle. C'est ce particularisme national que cette histoire démontre, d'elle-même, sans dessein préconçu.

[...]

Savoir qui nous sommes importe bien quelque peu à notre vie, à notre avenir. « Déracinés par le colonialisme politique et moral », écrivions-nous encore, en 1918, « dédoublés par le dualisme d'un pays fédératif, nous avons besoin qu'on nous rende, plus que toute chose, le sentiment de notre personnalité. Inutile de nous le cacher: en cette œuvre initiale et urgente, sont engagés les problèmes fondamentaux de notre vie. Allons-nous marcher plus longtemps avec cette conscience désagrégée, flottante, où ne peut s'appuyer aucune fixité du patriotisme? A-t-elle seulement droit à l'existence, peut-elle se promettre l'avenir, la nationalité qui s'ignore, qui ne sait plus garder pour elle-même son allégeance spirituelle? Seule, la réalité de notre personnalité nationale, la conscience profonde de notre entité distincte, pourront soutenir nos instincts de race, fortifier notre volonté de vivre. »

Aujourd'hui, nous atténuerions, sans doute, l'absolu de cette dernière formule. Le vouloir-vivre de la nationalité canadienne-française a d'autres soutiens que le sentiment de la personnalité nationale. Ce sentiment ne se pose pas moins au principe de toute volonté de survivance. Si vivre est persévérer dans son être, les Canadiens français ont besoin de savoir quel est leur être national, et comment, à travers l'histoire, il s'est formé. Qu'importe qu'au portrait de leur race manque quelque précision. Il n'est de synthèses historiques que de provisoires. Ceux-là seuls qui ignorent tout du métier d'historien, croient à l'histoire définitive.