Figures marquantes de la liberté : Pierre Du Calvet

5 avr 2022

Marchand et juge de paix, Pierre Du Calvet est devenu une personnalité marquante de l’après-Conquête par son engagement dans une réforme radicale du système judiciaire colonial. Au risque de sa vie et de ses propres intérêts, Du Calvet dénonce publiquement les abus dont lui-même et ses concitoyens sont victimes dans ce premier Québec agité par les contrecoups de la Révolution américaine. Quand l’indépendance est déclarée chez les voisins du sud, il poursuit le combat dans la presse québécoise naissante. L’esprit voltairien de la Gazette littéraire de Montréal conduit en prison ses animateurs, Du Calvet et d’autres intellectuels. Sitôt libéré, il dénonce la « tyrannie » du gouverneur en publiant à Londres un factum enflammé. Paru en anglais (The Case of Peter Du Calvet) et en français (Appel à la justice de l’État), son pamphlet de 1784 inspirera la première constitution canadienne (1791).

Invité : Bernard Andrès, écrivain et historien
Animateur : Éric Bédard, historien
Lieu : Auditorium de la Grande Bibliothèque

À propos de Bernard Andrès

Écrivain et historien de la littérature, Bernard Andrès est professeur émérite à l’Université du Québec à Montréal, membre de l’Académie des Lettres du Québec et de la Société des Dix. Auteur de romans, de nouvelles et d’œuvres théâtrales, il s'intéresse à l'origine des lettres québécoises. Son essai Histoires littéraires des Canadiens au XVIIIe siècle (2012, 2020) a reçu le Prix Gabrielle-Roy. Bernard Andrès se consacre à la première République des lettres au Québec, dont il a analysé et réédité les textes fondateurs en tirant de l’oubli leurs auteurs. L’un d’entre eux lui a inspiré le roman historique L'énigme de Sales Laterrière (Prix Marcel-Couture 2000). Ses plus récents travaux portent sur l’histoire de l’humour littéraire au Québec, notamment L’humour des Poilus canadien-français dans la Grande Guerre (2018) et, en collaboration, Études littéraires et Humour Studies. Vers une humoristique francophone (2021). Il a aussi codirigé l’Atlas littéraire du Québec (2020).

Texte de l’invité

Qu’éveille aujourd’hui le nom de du Calvet, sinon, pour les Montréalais, l’auberge du même nom dans le Vieux Montréal, là-même où l’homme vécut jadis au coin des rues Saint-Paul et Bonsecours?

Comme beaucoup d’intellectuels libres-penseurs de la fin du XVIIIe siècle, Pierre du Calvet a été oublié ou ostracisé par l’historiographie du siècle suivant. En 1888, pour l’historien fédéraliste Douglas Brymmer, Du Calvet n’est qu’un « cynique traître », mais pour son plus récent biographe, Jean-Pierre Boyer, il est le chef de file du mouvement réformiste canadien des années 1780 et l’inspirateur de la première constitution canadienne, l’Acte constitutionnel de 1791 qui conduisit à la première Chambre d’assemblée du Québec.