Figures marquantes de la liberté : Ludger Duvernay

1 mars 2022

La vie de Ludger Duvernay traverse toute la première moitié du XIXe siècle dont il a su épouser l’évolution politique et sociale. Il fut successivement patriote radical durant les années 1830, exilé aux États-Unis, réformiste pro-La Fontaine à son retour et, enfin, conservateur apaisé avec l’Église catholique jusqu’à sa mort en 1852. En récapitulant une telle trajectoire on voit bien que Duvernay, d’abord entrepreneur et imprimeur, n’a jamais renié ses idéaux consistant à édifier et à instruire les Canadiens français, à les doter d’institutions nationales durables afin de « rendre le peuple meilleur ».

Invité : Gilles Laporte, historien, professeur d’histoire au cégep du Vieux Montréal
Animateur : Éric Bédard, historien
Date : 1er mars 2022 à 19 h
Lieu : Auditorium de la Grande Bibliothèque.

À propos de Gilles Laporte

Gilles Laporte est historien spécialiste des rébellions patriotes de 1837-1838, professeur de cégep et chargé de cours depuis 30 ans. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Patriotes et Loyaux (Septentrion, 2004), Brève histoire des Patriotes (Septentrion, 2015), Molson et le Québec (Michel Brûlé, 2009), Fondements historiques du Québec (Chenelière, Prix du ministre 2013) et Infographies.Québec, Le Québec et son histoire d’un simple coup d’œil (Septentrion, 2018). Depuis des années, il administre un vaste site web consacré aux patriotes (1837.qc.ca). En 2010, il est nommé Patriote de l’année par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. De 2012 à 2014, il a été président du Mouvement national des Québécoises et Québécois. Il est présentement porte-parole de la Coalition pour l’histoire qui milite pour un meilleur enseignement de l’histoire à tous les niveaux.

Texte de l’invité

La trajectoire de Ludger Duvernay se confond avec celle du mouvement patriote tout entier, de sa montée irrésistible durant les années 1820, puis durant l’explosion de 1837 à 1839 et jusqu’à sa récupération politique par le réformisme de Louis-Hippolyte La Fontaine durant les années 1840. Sa biographie permet ainsi d’esquisser certaines réponses à propos du nationalisme québécois naissant durant cette époque chargée, avec ses espoirs, ses instants lumineux, puis ses désillusions.

Posons d’emblée que Duvernay n’appartient pas à la même classe sociale que la plupart des autres leaders patriotes, celle des professionnels issus de la filière du cours classique. Toute sa vie, Duvernay subira d’ailleurs la précarité matérielle le forçant à faire des choix difficiles. Jusqu’à nos jours, on conserve donc de lui l’image d’un entrepreneur pugnace proche des réalités populaires. Tour à tour « martyr de la liberté » en 1832, fondateur de la Fête nationale en 1834, puis sauveteur de la cause libérale à son retour d’exil en 1842, il reste néanmoins inféodé à un quarteron d’avocats et de médecins qui contrôlent tour à tour les partis canadien, patriote puis réformiste. Seules sa Société Saint-Jean-Baptiste, sans doute son adhésion à la franc-maçonnerie et assurément sa mainmise sur le journal La Minerve, lui permirent de s’élever au-dessus de sa condition et d’infléchir le cours des événements.