Figures marquantes de notre histoire : Laure Conan (1845-1924)

4 mars 2020

Félicité Angers, dont l’œuvre est parue sous le pseudonyme de Laure Conan, est née en 1845 à La Malbaie et morte à Québec en 1924. Elle commence à écrire lors de ses études chez les Ursulines et sera romancière, dramaturge, biographe, et journaliste.

Première romancière québécoise, elle vivra de sa plume, ce qui est, dans le Québec de l’époque un destin exceptionnel pour un écrivain, unique pour une femme. Souvent interprété comme un récit autobiographique, son roman Angéline de Montbrun (1882) est considéré comme le premier roman psychologique de la littérature québécoise; il mérite d’être lu. Mais il fait de l’ombre au reste de son œuvre et à son parcours de femme et d’autrice. En effet, placée à la jonction de divers réseaux féminins et masculins et témoignant d’une fine compréhension des formes littéraires de son époque, Félicité Angers n’hésite pas à négocier ses droits et à intervenir dans la diffusion de son œuvre. Figure emblématique de l’histoire littéraire québécoise, Laure Conan représentera la femme qui se sacrifie pour son amour et son Dieu, celle qui ouvre le roman québécois à la modernité et celle qui mène une véritable carrière littéraire.

Date : 4 mars 2020 à 19 h
Invitée : Micheline Cambron, professeure à l’Université de Montréal
Animateur : Éric Bédard, historien
Lieu : Auditorium de la Grande Bibliothèque

À propos de Micheline Cambron

Texte de l'invitée

Laure Conan (1845-1924) est la première québécoise qui fasse de l'écriture sa profession. Son roman le plus connu, Angéline de Montbrun est, encore aujourd'hui, réédité et enseigné. Elle n'est pas « oubliée » donc, mais elle est méconnue, son œuvre étant le plus souvent jugée comme autobiographique et la réclusion qu'on lui prête semblant incompatible avec sa vie professionnelle. En outre, au fil du temps, son œuvre a été réduite à l'un ou l'autre des genres qu'elle a pratiqués, de sorte que ses lecteurs et ses lectrices l'ont tour à tour considérée comme auteure de romans édifiants, rédactrice de biographies de figures religieuses illustres et vulgarisatrice de l'histoire canadienne, ce qui laisse dans l'ombre la finesse de son écriture, ses actions visant à faire respecter ses droits d'auteurs et ses liens importants avec le milieu intellectuel québécois. Il importe donc de revenir à sa vie, pour comprendre comment elle a pu, depuis La Malbaie, accéder à un véritable statut d'écrivain, devenir, comme l'écrit dès 1885 Pierre-Joseph-Olivier Chauveau : « Une femme auteur au Canada ». Il faut aussi replonger dans ses œuvres pour en dégager les qualités esthétiques qui lui valurent un important lectorat — et un Prix Montyon de l'Académie française — celles-là même qui, encore aujourd'hui, font que ses textes méritent d'être lus.