Lionel Groulx et le réseau indépendantiste des années 1930
Dans les années 1930, tout un réseau gravitant autour de Lionel Groulx agite l’idée d’indépendance du Québec comme solution politique au statut inférieur des Canadiens français dans la Confédération. Les actions militantes des Jeune-Canada, puis des Jeunesses patriotes et d’autres organisations plus ou moins éphémères réussissent à placer l’indépendantisme au cœur du débat public. Cet épisode ne durera que quelques années, avant que la guerre ne vienne modifier les priorités des nationalistes québécois. À partir de fonds d’archives peu étudiés jusqu’ici, Mathieu Noël retrace l’histoire en trois temps de ce réseau indépendantiste, qui commence à l’initiative d’étudiants impatients de faire bouger les choses, qui subit ensuite l’influence des idées corporatistes et fascistes dont les succès en Europe semblaient indiquer la voie pour sortir de la crise économique, puis qui se dissout dans les réflexions d’intellectuels qui se penchent sur les insuffisances du peuple canadien-français. On retrouve dans ce réseau bien des noms qui deviendront célèbres : Paul Bouchard, Dostaler O’Leary, Lucien L’Allier, Philippe Vaillancourt et parfois, comme pour André Laurendeau ou Jean-Louis Gagnon, de futurs opposants à l’indépendantisme avec lequel ils avaient flirté dans leur jeunesse.