Colauréats 2017 : Alex Gagnon et Frédéric Rondeau

24 oct 2017
Soirée de remise du prix Jean-Éthier-Blais 2017.

Le prix de la critique littéraire Jean-Éthier-Blais 2017, doté d’une bourse de 3000 $ et décerné annuellement par la Fondation Lionel-Groulx, est attribué conjointement à Alex Gagnon pour son essai La communauté du dehors. Imaginaire social et crimes célèbres au Québec (XIXe-XXe siècles), publié aux Presses de l’Université de Montréal,  et à Frédéric Rondeau pour son essai Le manque en partage. La poésie de Michel Beaulieu et Gilbert Langevin, également publié aux Presses de l’Université de Montréal.

D’une qualité remarquable, les deux ouvrages qui ont été retenus illustrent la diversité des objets et des approches qui définissent aujourd’hui la critique littéraire; ils constituent par ailleurs de réelles contributions à la connaissance de la littérature québécoise. La nature, la justesse et la portée des travaux réalisés par Alex Gagnon et Frédéric Rondeau nous ont donc convaincues de leur décerner, ex aquo, le prix Jean-Éthier-Blais 2017. S’il est impossible de rendre compte de la très grande qualité de ces ouvrages en quelques minutes, le jury a quand même tenu à souligner, même rapidement, quelques-unes des caractéristiques qui en expliquent l’importance.

La communauté du dehors

Dans La communauté du dehors, Alex Gagnon prend comme point de départ trois grandes affaires criminelles partageant « la même aire géographique et la même période historique » qui ont généré, comme il le démontre avec rigueur et finesse, une « considérable littérature d’imagination ». L’originalité et l’envergure de l’ouvrage d’Alex Gagnon, qui fait une large place à l’histoire culturelle, repose notamment sur un corpus imposant et varié ainsi que sur la justesse de ses lectures. Divers types de récits, de nombreux articles de presse ou encore des pièces de correspondances et d’archives, souvent inconnues, permettent en effet à Alex Gagnon d’appréhender « le processus de formation et de transformation » de l’imaginaire social. Érudite, son approche allie « perspective historique » et analyse littéraire selon un « horizon anthropologique ».

Le manque en partage

Frédéric Rondeau réussit avec brio à concilier l’histoire et l’analyse littéraires dans Le manque en partage. Il propose des lectures inédites, solidement documentées et rigoureusement menées des œuvres de Michel Beaulieu et de Gilbert Langevin, qu’il aborde à partir de la « notion souple » de contemporanéité. En situant les œuvres de Beaulieu et de Langevin dans leur contexte biographique, socio-culturel, politique et littéraire, Frédéric Rondeau réalise des analyses fouillées de textes publiés et de certains inédits qui n’avaient jusqu’alors fait l’objet d’aucune étude aussi approfondie. Chez les deux poètes, constate Frédéric Rondeau, la « conviction d’appartenir à une communauté est ébranlée ». À travers ce prisme, sa « lecture globale » des œuvres permet de mettre au jour un « même manque en partage ».

Allocution de Jacinthe Martel, présidente du jury

Allocution de Frédéric Rondeau, colauréat

Allocution d’Alex Gagnon, colauréat