Le 23 octobre 1837. L’Assemblée des Six Comtés
Née en 1791, la démocratie québécoise est l’une des plus anciennes du monde. Elle ne fut pourtant jamais durablement acquise et les députés canadiens durent constamment ruser afin d’assurer le droit du peuple à se gouverner lui-même. Ressort alors la figure emblématique de Louis-Joseph Papineau qui orchestre, entre 1815 et 1837, une véritable guérilla parlementaire incluant le recours à des pétitions, au boycottage et même à la grève parlementaire. Les adversaires des patriotes avaient en revanche progressivement renoncé à la joute électorale et étaient prêts à en découdre sur le plan militaire. L’Assemblée des six comtés représente donc un point tournant : quand un parti politique entreprend de se muer en machine de guerre, puisque « le temps des discours est passé... c’est du plomb qu’il faut envoyer à nos ennemis. » La rébellion qui suivra sera surtout prétexte à une terrible répression menée par l’armée et l’appareil judiciaire et qui explique par la suite un siècle de cléricalisme et de démission des élites.
Date : 25 septembre 2012 à 19 h
Conférencier : Gilles Laporte, historien
À propos de Gilles Laporte
Historien spécialiste de l’histoire du XIXe siècle québécois, Gilles Laporte enseigne l’histoire du Québec au cégep du Vieux Montréal et à l’UQÀM, où il dispense le seul cours au Canada consacré aux rébellions et aux patriotes de 1837-1838. Auteur de nombreux articles ainsi que des ouvrages : Patriotes et Loyaux, mobilisation politique et leadership régional à la veille des Rébellions de 1837-1838 (Septentrion, 2004), Fondements historiques du Québec (Chenelière, 2008) et Molson et le Québec (Michel Brûlé, 2009). Il est aussi administrateur du plus vaste site web consacré à ces rébellions, qui permet notamment de retracer le rôle de 34 000 individus impliqués dans la lutte patriote. Il est enfin l’un des artisans de la Journée nationale des patriotes qui commémore depuis dix ans la lutte de ces derniers pour la démocratie et la reconnaissance nationale. En 2010, la Société Saint-Jean-Baptiste lui conférait le titre de Patriote de l’année pour sa contribution à la défense et la promotion de l’histoire du Québec. Il est également porte-parole de la Maison nationale des patriotes à Saint-Denis-sur-Richelieu depuis 2011.