Le 3 juillet 1608. La fondation de Québec

13 oct 2011

Si, le 3 juillet 1608, Samuel de Champlain établit un poste de traite à Québec, c’est que, dès 1603, il en avait obtenu l’autorisation par le chef montagnais Anadabijou. A cette époque, il avait promis de prêter main-forte aux Montagnais dans leur guerre contre les Iroquois. Lors de la fondation de Québec, le futur « Père de la Nouvelle-France » échappera à une tentative d’assassinat, parce que les Basques ne sont pas intéressés à voir un poste de traite situé plus à l’ouest que Tadoussac. Le premier hivernement sera catastrophique. La majorité des premiers occupants seront victimes soit du scorbut, soit de la dysenterie. L’établissement de Québec se développera très lentement. Et, ce ne sera vraiment qu’en 1618 que Champlain deviendra le chef d’une colonie de peuplement. C’est d’ailleurs cette année-là qu’il dressera un inventaire des richesses éventuelles de la colonie naissante. Le petit poste de Québec peut donc être considéré comme le premier établissement permanent de la France dans sa colonie.

Date : 13 octobre 2011 à 19 h 30
Conférencier : Jacques Lacoursière, historien

À propos de Jacques Lacoursière

Jacques Lacoursière est l’un des historiens les plus connus au Québec. Depuis quarante-huit ans, il s’est donné comme mission de faire connaître et aimer l’histoire du Québec, autant par ses écrits que par la radio, la télévision, le film et les conférences. Dans le domaine télévisuel, il a notamment été recherchiste, coscénariste et animateur de la série Épopée en Amérique (1996). À la radio, il a animé l’émission J’ai souvenir encore (1994-2004).

Jacques Lacoursière a dirigé et publié de nombreux ouvrages, dont les cinq premiers tomes de l’Histoire populaire du Québec (Septentrion, 1995), Histoire du Québec. Des origines à nos jours (Éditions Nouveau Monde, 2005). Il est également co-auteur de Canada-Québec : synthèse historique (Boréal Express, 1969) et de Nos Racines : histoire vivantes des Québécois (Robert Laffont, 1980).

Il est récipiendaire de plusieurs prix et distinctions. Il a notamment été nommé chevalier de l’Ordre national du Québec, officier de l’Ordre du Canada, membre de l’Académie des lettres et des sciences de la Société royale du Canada. En 2008, il est fait chevalier de l’Ordre national du Mérite de la République française. Enfin, deux doctorats « honoris causa » lui ont été décernés toujours en 2008, le premier par l’Université de Moncton et le second, par l’Université du Québec à Montréal et Télé-Université.

Allocution de M. Claude Béland, président du conseil d’administration

Mesdames et messieurs, l’histoire du Québec, c’est l’histoire d’une nation d’origine française, enracinée depuis quatre siècles en Amérique du Nord.

C’est l’histoire de femmes et d’hommes courageux qui n’ont jamais cessé de lutter pour leur langue, pour leur culture, pour leur liberté.

C’est notre histoire, notre héritage, notre grande aventure.

L’histoire du Québec est à bien des égards une histoire remarquable, qui mérite d’être racontée aux jeunes générations et à toutes celles et ceux qui viennent d’ailleurs pour s’inscrire dans cette histoire.

Voilà pourquoi la Fondation Lionel-Groulx a décidé de faire de la promotion de notre histoire nationale son cheval de bataille.

Voilà pourquoi, de concert avec les autres membres de la Coalition pour l’histoire, nous avons entrepris une grande campagne publique pour revaloriser l’enseignement de notre histoire à tous les ordres d’enseignement, pour lui redonner la place qui lui revient dans notre système scolaire.

Voilà aussi pourquoi nous avons imaginé cette grande série de conférences publiques intitulée Dix journées qui ont fait le Québec que nous inaugurons ce soir.

Dans la vie des nations comme dans celle des individus, il y a des journées pas comme les autres, des journées qui déterminent l’avenir.

De la fondation de Québec le 3 juillet 1608 au référendum sur l’indépendance le 30 octobre 1995, en passant par la fondation de Montréal en 1642, la Grande Paix avec les Amérindiens en 1701, le Traité de Paris de 1763, l’Assemblée des Six-Comtés des Patriotes en 1837, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique en 1867, l’émeute de Québec contre la conscription en 1918, l’obtention du droit de vote pour les femmes en 1940 et le début de la Révolution tranquille en 1960, dix historiens vont nous raconter dix de ces journées marquantes, qui ont fait l’histoire du Québec.

Je remercie le directeur général de la Fondation Lionel-Groulx, M. Pierre Graveline, qui est à l’origine de ce projet et qui en est le maître d’œuvre.

Je remercie également M. Jacques Lacoursière et les neuf autres historiens qui ont accepté de s’y associer, de même que M. Sébastien Ricard qui sera l’animateur de ces conférences.

Je remercie enfin Bibliothèque et Archives nationales du Québec et son président, M. Guy Berthiaume, de même que la chaîne VOX et sa présidente, Mme Isabelle Dessureault, d’avoir accepté d’être nos précieux partenaires dans cette belle aventure.

Je vous souhaite une excellente et passionnante soirée.

Texte de la conférence

Depuis le 3 juillet 1608, il y a toujours eu, en Amérique du Nord, une présence francophone. Le petit poste de traite du début deviendra non seulement la capitale de la Nouvelle-France, mais aussi, pendant un certain temps, celle du Canada-Uni, puis celle de la province de Québec. Déjà, le 22 juin 1603, Samuel de Champlain avait visité Québec. Il était alors accompagné de François Gravé Du Pont, le capitaine du navire à bord duquel le futur Père de la Nouvelle-France faisait la traversée. Gravé Du Pont est un personnage important tant à la fin du XVIe siècle qu’au tout début du XVIIe siècle. Il sera présent à Québec, lors de la capitulation de l’endroit aux mains des frères Kirke, en 1629. Pour Marcel Trudel, « son amitié indéfectible pour Champlain, les services personnels qu’il a rendus aux Récollets, l’aide qu’il a parfois apportée à l’exploration alors qu’il n’était chargé que de la traite, sa popularité auprès des sauvages, font de Gravé un personnage fort sympathique ». L’historien Denis Vaugeois considère qu’il mériterait, bien plus que Pierre Du Gua de Monts, le titre de cofondateur de Québec. C’est sans doute Gravé Du Pont qui serait à l’origine de l’apparition des toponymes Québec et Trois-Rivières sur la carte de 1601 de Guillaume Levasseur.