Figures marquantes de notre histoire : Gratien Gélinas et les artisans du théâtre populaire

2 fév 2016

À travers la vie de Gratien Gélinas, nous assistons à la naissance d’une véritable dramaturgie québécoise, à une époque où le seul théâtre reconnu venait de l’étranger. Durant la Crise, puis durant la Deuxième Guerre mondiale, l’humour et la pertinence sociale de ses textes et de son personnage Fridolin lui assurent une immense popularité. Puis il signe, durant les années 1950, Tit-Coq et Bousille et les Justes, deux des plus grandes pièces de notre répertoire, qu’il présente dans les deux langues à travers tout le pays. Fondant ensuite la Comédie canadienne, Gratien Gélinas ouvre la porte à une nouvelle génération de créateurs. Raconter sa vie, c’est témoigner de l’évolution de la radio, du théâtre, de la télévision et du cinéma d’ici. C’est aussi mettre en scène le pionnier d’un théâtre populaire qui a transformé l’image que nous avions de nous-mêmes.

Date : 2 février 2016 à 19 h
Invité : Pascal Gélinas, réalisateur
Animateur : Éric Bédard, historien
Lieu : Auditorium de la Grande Bibliothèque

 

À propos de Pascal Gélinas

Après des études en théâtre, Pascal Gélinas a coréalisé le documentaire politique Taire des hommes (1968), réalisé avec la troupe Le grand cirque ordinaire le long-métrage de fiction Montréal Blues (1972), et le long-métrage documentaire La Turlute des années dures (1983) sur la Grande Crise des années 30 (Prix œcuménique et Prix de la critique). Puis pendant 25 ans, Pascal Gélinas a été réalisateur à l’émission de télévision Science-Réalité puis Découverte de Radio-Canada, où il réalise plus de 300 reportages et dossiers. En 2009 il signe Gratien Gélinas, un géant aux pieds d’argile, un documentaire sur son père le dramaturge Gratien Gélinas. Ce film a reçu le prix Gémeaux du meilleur scénario documentaire. En 2013, il réalise Huguette Oligny, le goût de vivre, puis Gilles Pelletier, un cœur de marin. Pascal Gélinas vient de terminer un nouveau documentaire qu’il a tourné au Québec et en Indonésie, intitulé Un pont entre deux mondes.

Texte de l’invité

À l’été de mes 17 ans, après avoir navigué quelques jours avec lui sur le fleuve Saint-Laurent à bord du voilier de mon frère Yves, j’ai pris le train à Mont-Joli avec mon père pour revenir à la maison. Durant de longues heures cette nuit-là, pour la première fois, j’ai eu mon père rien qu’à moi et je lui ai demandé de me raconter sa vie. Simplement, il m’a parlé de son enfance, de ses années d’études qu’il avait tant aimées, puis de sa carrière. Je découvrais l’audace de cet homme et sa volonté constante de créer un art populaire capable de transformer notre imaginaire. Durant les années qui ont suivi, j’ai appris à mieux le connaître. J’ai compris que son œuvre était le reflet de sa propre vie et s’enracinait profondément dans son enfance. J’ai compris que j’avais pour père un homme tourmenté qui a consacré sa vie à donner aux autres une confiance qui lui échappait si souvent.