TY - THES AU - Dominique Bonetto AB -
Ce mémoire a pour objet l’étude du discours des instituteurs laïques franco-catholiques, dans le Québec de la seconde moitié du 19e siècle. Ce discours, orienté vers l’identité professionnelle que le groupe cherche à se construire, se développe en même temps qu’est remis en cause l’investissement de l’État dans un secteur que plusieurs jugent encore de la responsabilité exclusive du clergé. Les instituteurs laïques sont donc pris, dans la seconde moitié du 19e siècle, entre deux courants idéologiques qui s’affrontent sur le terrain scolaire.
Après avoir investi le domaine de l’éducation dans la première moitié du 19e siècle, l’État continue de soutenir, dans la seconde moitié du siècle, le développement d’écoles primaires publiques à travers la colonie. Ce faisant, il entre en conflit avec les institutions d’éducation existantes qui, dans la plupart des cas, avait été fondées par le clergé catholique. Devant la fragilisation de ces institutions, les éléments les plus radicaux de l’élite conservatrice franco-catholique, les ultramontains, s’élèvent pour dénoncer l’ingérence de la politique dans un secteur qu’ils jugent du ressort exclusif de l’Église catholique. Toutefois, la demande de services éducatifs primaires dans les localités dépasse largement la capacité de l’Église à fournir l’enseignement primaire à l’ensemble de la population. L’État profite de cette brèche et investit l’enseignement primaire public. Or, la multiplication des écoles primaires implique de trouver les maîtres et maîtresses nécessaires pour répondre à la demande populaire.
En 1856, deux nouvelles lois d’éducation sont censés répondre au problème de la compétence des maîtres et maîtresses. S’enclenche alors un processus de professionnalisation du corps enseignant. On met sur pied des écoles normales pour former les maîtres. On entame un processus d’uniformisation des Bureaux d’examinateurs, organismes mesurant les compétences des maîtres. On fonde des journaux pédagogiques. Enfin, on crée un fonds de pension qui devra protéger les maîtres et les maîtresses dans « leurs vieux jours ».
Ces outils permettront aux instituteurs laïques de se forger une identité professionnelle qu’ils revendiqueront très tôt. De fait, leur émergence, comme leurs succès, inquièteront. Dès les années 1870 et 1880, les ultramontains émettent de sérieuses critiques sur la capacité des instituteurs laïques à assurer l’enseignement public. Ajustant leur propre discours, les instituteurs réussiront à contrer ces attaques qui minent leur crédibilité. Grâce à la mobilisation des instituteurs urbains et à un travail de représentation efficace, le groupe s’assurera des postes clés au sein d’institutions scolaires, surtout en milieu urbain. De sorte que, malgré leur faiblesse numérique, les instituteurs laïques occuperont des positions stratégiques dans le système scolaire québécois naissant et contribueront à instaurer des réformes qui marqueront le développement de l’instruction publique québécoise.
DA - 2014 M3 - Mémoire de maîtrise N2 -Ce mémoire a pour objet l’étude du discours des instituteurs laïques franco-catholiques, dans le Québec de la seconde moitié du 19e siècle. Ce discours, orienté vers l’identité professionnelle que le groupe cherche à se construire, se développe en même temps qu’est remis en cause l’investissement de l’État dans un secteur que plusieurs jugent encore de la responsabilité exclusive du clergé. Les instituteurs laïques sont donc pris, dans la seconde moitié du 19e siècle, entre deux courants idéologiques qui s’affrontent sur le terrain scolaire.
Après avoir investi le domaine de l’éducation dans la première moitié du 19e siècle, l’État continue de soutenir, dans la seconde moitié du siècle, le développement d’écoles primaires publiques à travers la colonie. Ce faisant, il entre en conflit avec les institutions d’éducation existantes qui, dans la plupart des cas, avait été fondées par le clergé catholique. Devant la fragilisation de ces institutions, les éléments les plus radicaux de l’élite conservatrice franco-catholique, les ultramontains, s’élèvent pour dénoncer l’ingérence de la politique dans un secteur qu’ils jugent du ressort exclusif de l’Église catholique. Toutefois, la demande de services éducatifs primaires dans les localités dépasse largement la capacité de l’Église à fournir l’enseignement primaire à l’ensemble de la population. L’État profite de cette brèche et investit l’enseignement primaire public. Or, la multiplication des écoles primaires implique de trouver les maîtres et maîtresses nécessaires pour répondre à la demande populaire.
En 1856, deux nouvelles lois d’éducation sont censés répondre au problème de la compétence des maîtres et maîtresses. S’enclenche alors un processus de professionnalisation du corps enseignant. On met sur pied des écoles normales pour former les maîtres. On entame un processus d’uniformisation des Bureaux d’examinateurs, organismes mesurant les compétences des maîtres. On fonde des journaux pédagogiques. Enfin, on crée un fonds de pension qui devra protéger les maîtres et les maîtresses dans « leurs vieux jours ».
Ces outils permettront aux instituteurs laïques de se forger une identité professionnelle qu’ils revendiqueront très tôt. De fait, leur émergence, comme leurs succès, inquièteront. Dès les années 1870 et 1880, les ultramontains émettent de sérieuses critiques sur la capacité des instituteurs laïques à assurer l’enseignement public. Ajustant leur propre discours, les instituteurs réussiront à contrer ces attaques qui minent leur crédibilité. Grâce à la mobilisation des instituteurs urbains et à un travail de représentation efficace, le groupe s’assurera des postes clés au sein d’institutions scolaires, surtout en milieu urbain. De sorte que, malgré leur faiblesse numérique, les instituteurs laïques occuperont des positions stratégiques dans le système scolaire québécois naissant et contribueront à instaurer des réformes qui marqueront le développement de l’instruction publique québécoise.
PB - Université du Québec à Montréal PY - 2014 EP - 151 TI - L’instituteur laïque canadien-français : la formation d’un corps professionnel dans la seconde moitié du 19e siècle UR - http://www.archipel.uqam.ca/id/eprint/5928 ER -