TY - THES AU - Olivier Craig-Dupont AB -

L’objectif principal de ce mémoire est d’analyser les modalités de la construction sociale des parcs nationaux. Pour mener cette recherche, je m’appuie sur le cas du parc national qu’implante l’agence fédérale Parcs Canada pendant les années 1970 en Mauricie. Je déconstruis l’histoire des paysages du parc national de la Mauricie pour en retracer les bases matérielles et symboliques dans le temps et dans l’espace. Je révèle les négociations qui ont eu lieu entre différents acteurs politiques, industriels, scientifiques et populaires autour des contours et objectifs de ce parc, et ce, de 1969 à la fin des années 1970.

Une telle analyse en histoire environnementale permet de voir que l’agence Parcs Canada implante sur le territoire mauricien un idéal de nature sauvage qu’elle véhicule depuis les premiers parcs nationaux de la fin du XIXe siècle dans les montagnes Rocheuses. Au fil de son histoire, l’agence fédérale institutionnalise ces sensibilités pour le sublime sauvage des paysages de l’Ouest. Les parcs montagnards des Rocheuses deviennent alors l’aune à laquelle l’agence Parcs Canada mesure le potentiel touristique de ses futurs parcs.

Cette sensibilité institutionnelle pour le sublime sauvage influence toujours les politiques de Parcs Canada en 1970. C’est précisément cet idéal qui oriente la mise en place du parc national en Mauricie. Lors des premières années du projet, Parcs Canada fait la promotion d’un parc touristique et pittoresque pour cette région aux prises avec des difficultés économiques marquées. Un parc national doit rendre les beautés naturelles de la Mauricie tout aussi lucratives que celles des parcs de l’Ouest canadien.

L’idéal de nature sauvage et grandiose de Parcs Canada contredit toutefois plusieurs dimensions biogéophysiques et anthropiques de la territorialité mauricienne, laquelle est marquée par une activité industrielle et récréative pluriséculaire. Pour transformer les paysages humanisés de la Mauricie, Parcs Canada mobilise l’écologie scientifique. Par des concepts tirés de cette discipline, l’agence fédérale sélectionne les dimensions du paysage local qui doivent composer le parc national de la Mauricie. Cette réinterprétation scientifique du territoire évacue de l’histoire officielle du parc les dimensions anthropiques du paysage mauricien qui contreviennent à l’idéal de nature sauvage des parcs nationaux canadiens.

Cette transformation de la territorialité mauricienne est source de tensions entre Parcs Canada et une partie de la population locale, laquelle est confrontée à un parc récréo-scientifique aux symboles et aux usages nouveaux. Pour neutraliser ces tensions, Parcs Canada développe un discours critique sur la nécessité d’harmoniser la territorialité mauricienne à l’exemple que doit être le parc national pour l’utilisation adéquate de l’environnement.

Plutôt qu’un espace socialement neutre et préservé par le cadre législatif et scientifique de Parcs Canada, le parc national de la Mauricie apparaît, au fil de ce mémoire, comme un outil de structuration du paysage, de transformation des territorialités locales et d’éducation populaire aux représentations institutionnelles de Parcs Canada sur l’environnement.

DA - 2008 M3 - Mémoire de maîtrise N2 -

L’objectif principal de ce mémoire est d’analyser les modalités de la construction sociale des parcs nationaux. Pour mener cette recherche, je m’appuie sur le cas du parc national qu’implante l’agence fédérale Parcs Canada pendant les années 1970 en Mauricie. Je déconstruis l’histoire des paysages du parc national de la Mauricie pour en retracer les bases matérielles et symboliques dans le temps et dans l’espace. Je révèle les négociations qui ont eu lieu entre différents acteurs politiques, industriels, scientifiques et populaires autour des contours et objectifs de ce parc, et ce, de 1969 à la fin des années 1970.

Une telle analyse en histoire environnementale permet de voir que l’agence Parcs Canada implante sur le territoire mauricien un idéal de nature sauvage qu’elle véhicule depuis les premiers parcs nationaux de la fin du XIXe siècle dans les montagnes Rocheuses. Au fil de son histoire, l’agence fédérale institutionnalise ces sensibilités pour le sublime sauvage des paysages de l’Ouest. Les parcs montagnards des Rocheuses deviennent alors l’aune à laquelle l’agence Parcs Canada mesure le potentiel touristique de ses futurs parcs.

Cette sensibilité institutionnelle pour le sublime sauvage influence toujours les politiques de Parcs Canada en 1970. C’est précisément cet idéal qui oriente la mise en place du parc national en Mauricie. Lors des premières années du projet, Parcs Canada fait la promotion d’un parc touristique et pittoresque pour cette région aux prises avec des difficultés économiques marquées. Un parc national doit rendre les beautés naturelles de la Mauricie tout aussi lucratives que celles des parcs de l’Ouest canadien.

L’idéal de nature sauvage et grandiose de Parcs Canada contredit toutefois plusieurs dimensions biogéophysiques et anthropiques de la territorialité mauricienne, laquelle est marquée par une activité industrielle et récréative pluriséculaire. Pour transformer les paysages humanisés de la Mauricie, Parcs Canada mobilise l’écologie scientifique. Par des concepts tirés de cette discipline, l’agence fédérale sélectionne les dimensions du paysage local qui doivent composer le parc national de la Mauricie. Cette réinterprétation scientifique du territoire évacue de l’histoire officielle du parc les dimensions anthropiques du paysage mauricien qui contreviennent à l’idéal de nature sauvage des parcs nationaux canadiens.

Cette transformation de la territorialité mauricienne est source de tensions entre Parcs Canada et une partie de la population locale, laquelle est confrontée à un parc récréo-scientifique aux symboles et aux usages nouveaux. Pour neutraliser ces tensions, Parcs Canada développe un discours critique sur la nécessité d’harmoniser la territorialité mauricienne à l’exemple que doit être le parc national pour l’utilisation adéquate de l’environnement.

Plutôt qu’un espace socialement neutre et préservé par le cadre législatif et scientifique de Parcs Canada, le parc national de la Mauricie apparaît, au fil de ce mémoire, comme un outil de structuration du paysage, de transformation des territorialités locales et d’éducation populaire aux représentations institutionnelles de Parcs Canada sur l’environnement.

PB - Université du Québec à Trois-Rivières PY - 2008 EP - 130 TI - Idéal de nature sauvage et transformation des territorialités au parc national de la Mauricie, 1969-1977 UR - https://depot-e.uqtr.ca/id/eprint/1499 ER -