TY - THES AU - Caroline Robert AB -

Le tournant du XXe siècle est marqué, au Québec, comme ailleurs en Occident, par une préoccupation grandissante face aux vices, motivée par les bouleversements socio-économiques qui transforment la société. Rapidement, l’alcool et sa consommation abusive sont identifiés, notamment dans l’esprit des membres de l’élite, comme le principal enjeu social du moment. Considérée depuis longtemps, dans la théologie chrétienne, comme un vice de l’âme, l’intempérance, avec l’apparition des nouvelles théories médicales et sociales, devient une menace pour la reproduction biologique et sociologique de la société. Les préoccupations face à l’alcool n’étaient pas chose nouvelle. Cependant, à partir de 1870, un imposant mouvement de tempérance se met en place avec, à sa tête, des associations telles que la Quebec Branch of the Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic, la Woman’s Christian temperance Union of the Province of Que bec, les Ligues antialcooliques de Québec et de Montréal et le comité de tempérance de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste. Ce mouvement participe à une importante production de discours sur l’alcool où la question de la responsabilité est centrale. À l’aide des publications antialcooliques, des archives des associations en faveur de la tempérance et des documents légaux et politiques, entre 1870 et 1922, nous cherchons, dans un premier temps, à comprendre comment les discours sur la responsabilité, tant du problème de l’intempérance que de sa résolution, ont structuré les manières d’agir et, ensuite; comment ils ont modelé, d’une part, les identités de classes et de genres et, d’autre part, les rapports de pouvoir et la formation de l’État au sein de la société québécoise du tournant du XXe siècle. Ce mouvement de tempérance nous permet de comprendre un mécanisme social récurrent, l’attribution de la responsabilité des problèmes sociaux à certains groupes de personnes en fonction de leur style de vie. Les nombreux discours sur la question de l’alcoolisme ont participé au cours de cette période à stigmatiser certaines franges de la population en rapport avec la consommation d’alcool. De plus, ce mouvement nous permet de voir une transformation dans le rôle attribué à l’État. La population lui demandait maintenant de jouer un rôle plus important dans la gestion de la question sociale. La réponse du gouvernement québécois, avec la création de la Commission des liqueurs de Québec, en 1921, témoigne de profonds changements dans l’approche face aux régulations sociales de l’alcool.

CY - Montréal DA - 2019 M3 - Mémoire de maîtrise N2 -

Le tournant du XXe siècle est marqué, au Québec, comme ailleurs en Occident, par une préoccupation grandissante face aux vices, motivée par les bouleversements socio-économiques qui transforment la société. Rapidement, l’alcool et sa consommation abusive sont identifiés, notamment dans l’esprit des membres de l’élite, comme le principal enjeu social du moment. Considérée depuis longtemps, dans la théologie chrétienne, comme un vice de l’âme, l’intempérance, avec l’apparition des nouvelles théories médicales et sociales, devient une menace pour la reproduction biologique et sociologique de la société. Les préoccupations face à l’alcool n’étaient pas chose nouvelle. Cependant, à partir de 1870, un imposant mouvement de tempérance se met en place avec, à sa tête, des associations telles que la Quebec Branch of the Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic, la Woman’s Christian temperance Union of the Province of Que bec, les Ligues antialcooliques de Québec et de Montréal et le comité de tempérance de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste. Ce mouvement participe à une importante production de discours sur l’alcool où la question de la responsabilité est centrale. À l’aide des publications antialcooliques, des archives des associations en faveur de la tempérance et des documents légaux et politiques, entre 1870 et 1922, nous cherchons, dans un premier temps, à comprendre comment les discours sur la responsabilité, tant du problème de l’intempérance que de sa résolution, ont structuré les manières d’agir et, ensuite; comment ils ont modelé, d’une part, les identités de classes et de genres et, d’autre part, les rapports de pouvoir et la formation de l’État au sein de la société québécoise du tournant du XXe siècle. Ce mouvement de tempérance nous permet de comprendre un mécanisme social récurrent, l’attribution de la responsabilité des problèmes sociaux à certains groupes de personnes en fonction de leur style de vie. Les nombreux discours sur la question de l’alcoolisme ont participé au cours de cette période à stigmatiser certaines franges de la population en rapport avec la consommation d’alcool. De plus, ce mouvement nous permet de voir une transformation dans le rôle attribué à l’État. La population lui demandait maintenant de jouer un rôle plus important dans la gestion de la question sociale. La réponse du gouvernement québécois, avec la création de la Commission des liqueurs de Québec, en 1921, témoigne de profonds changements dans l’approche face aux régulations sociales de l’alcool.

PB - Université du Québec à Montréal PP - Montréal PY - 2019 EP - 139 TI - À qui la faute? : le second mouvement de tempérance et l’État au Québec (1870-1922) UR - https://archipel.uqam.ca/id/eprint/12870 ER -