TY - THES AU - Micheline Lachance AB -
Dans la foulée de la crise économique qui sévit au Bas-Canada au milieu du XIXe siècle, une nouvelle réalité sociale fait son apparition: des filles-mères en nombre croissant investissent Montréal en quête d’un refuge où accoucher.
L’histoire n’a pas fait une grande place à Rosalie Cadron-Jetté (1794-1864) qui a comblé un vide profond en fondant la première maternité montréalaise, l’Hospice de Sainte-Pélagie, ni aux filles-mères qu’elle y a accueillies.
À partir des manuscrits des pionnières, ce mémoire reconstitue les débuts épiques de cette œuvre innovatrice tenue à bout de bras par sa fondatrice. En second lieu, grâce à la base de données qu’elle a tirée du Registre des entrées et des sorties de l’Hospice de Sainte-Pélagie de Montréal, l’auteure présente les principales caractéristiques des 2701 filles-mères qui y ont été admises entre 1845 et 1866. Souvent très jeunes, ces pensionnaires, domiciliées pour la plupart dans la région montréalaise, étaient catholiques et célibataires. Cette étude permet aussi de cerner les conditions de vie de ces femmes, dont la moitié venaient des campagnes avoisinantes pour travailler comme servantes en ville.
L’analyse de ces documents d’archives démontre que deux forces majeures ont perturbé le développement de la maternité. D’une part, le pouvoir religieux incarné par Mgr Ignace Bourget, a mis la jeune institution sous tutelle en obligeant sa fondatrice, Rosalie Cadron-Jetté, à la placer sous la protection d’une communauté religieuse dont il a lui-même assuré la direction. Ce faisant, l’évêque de Montréal y a instauré un climat religieux austère fait de privations, en plus d’entretenir chez les pensionnaires un sentiment de culpabilité. Peu après, les médecins de Montréal ont pris le contrôle médical des lieux en éliminant les religieuses sages-femmes qui, jusqu’alors, accouchaient les filles-mères. Les témoignages des pionnières, comme aussi la correspondance de la communauté, illustrent le conflit qui a opposé les médecins aux sages-femmes et troublé la vie déjà difficile des pensionnaires de la maternité.
En examinant le rôle social joué par Rosalie Cadron-Jetté dont la maternité, mieux connue sous le nom de Miséricorde, a recueilli pendant un siècle et demi des milliers de jeunes filles et de femmes enceintes, ce mémoire veut contribuer à accorder à sa fondatrice la place qui lui revient dans l’histoire de l’obstétrique. Et peut-être aussi donner un visage aux filles-mères que la société puritaine du temps a voulu cacher.
DA - 05/2007 M3 - Mémoire de maîtrise N2 -Dans la foulée de la crise économique qui sévit au Bas-Canada au milieu du XIXe siècle, une nouvelle réalité sociale fait son apparition: des filles-mères en nombre croissant investissent Montréal en quête d’un refuge où accoucher.
L’histoire n’a pas fait une grande place à Rosalie Cadron-Jetté (1794-1864) qui a comblé un vide profond en fondant la première maternité montréalaise, l’Hospice de Sainte-Pélagie, ni aux filles-mères qu’elle y a accueillies.
À partir des manuscrits des pionnières, ce mémoire reconstitue les débuts épiques de cette œuvre innovatrice tenue à bout de bras par sa fondatrice. En second lieu, grâce à la base de données qu’elle a tirée du Registre des entrées et des sorties de l’Hospice de Sainte-Pélagie de Montréal, l’auteure présente les principales caractéristiques des 2701 filles-mères qui y ont été admises entre 1845 et 1866. Souvent très jeunes, ces pensionnaires, domiciliées pour la plupart dans la région montréalaise, étaient catholiques et célibataires. Cette étude permet aussi de cerner les conditions de vie de ces femmes, dont la moitié venaient des campagnes avoisinantes pour travailler comme servantes en ville.
L’analyse de ces documents d’archives démontre que deux forces majeures ont perturbé le développement de la maternité. D’une part, le pouvoir religieux incarné par Mgr Ignace Bourget, a mis la jeune institution sous tutelle en obligeant sa fondatrice, Rosalie Cadron-Jetté, à la placer sous la protection d’une communauté religieuse dont il a lui-même assuré la direction. Ce faisant, l’évêque de Montréal y a instauré un climat religieux austère fait de privations, en plus d’entretenir chez les pensionnaires un sentiment de culpabilité. Peu après, les médecins de Montréal ont pris le contrôle médical des lieux en éliminant les religieuses sages-femmes qui, jusqu’alors, accouchaient les filles-mères. Les témoignages des pionnières, comme aussi la correspondance de la communauté, illustrent le conflit qui a opposé les médecins aux sages-femmes et troublé la vie déjà difficile des pensionnaires de la maternité.
En examinant le rôle social joué par Rosalie Cadron-Jetté dont la maternité, mieux connue sous le nom de Miséricorde, a recueilli pendant un siècle et demi des milliers de jeunes filles et de femmes enceintes, ce mémoire veut contribuer à accorder à sa fondatrice la place qui lui revient dans l’histoire de l’obstétrique. Et peut-être aussi donner un visage aux filles-mères que la société puritaine du temps a voulu cacher.
PB - Université du Québec à Montréal PY - 2007 EP - 223 TI - Rosalie Jetté et les filles-mères : entre tutelle religieuse et pouvoir médical (1845-1863) UR - http://archipel.uqam.ca/id/eprint/2750 ER -