TY - THES AU - Myriam Brouillette-Paradis AB -
Les années 1950 à 1980 sont le théâtre de transformations profondes dans la société québécoise et touchent notamment le monde agricole. Après avoir vécu à la fin du 19e siècle une spécialisation laitière, l’agriculture québécoise connaît au cours de la période à l’étude une seconde phase de modernisation. Les répercussions de la modernisation agricole au cours de la seconde moitié du 20e siècle auront une influence marquée sur le paysage agricole et se traduiront par une consolidation et une intégration poussée des exploitations et une spécialisation des productions. Ces transformations mèneront au modèle que nous connaissons aujourd’hui, soit une agriculture industrielle, fortement intégrée au marché, subventionnée par l’État, et à la recherche d’une haute productivité afin d’être compétitive sur les marchés mondiaux.
Dans le cas qui nous préoccupe spécifiquement, soit celui de la culture du maïs-grain dans la vallée du Richelieu, nous voyons se substituer aux cultures fourragères des monocultures qui sont principalement visées par la refonte de la politique agricole du gouvernement provincial tournée vers l’autosuffisance. Appuyée par les organisations agricoles, syndicales et coopératives, ainsi que les transformateurs et les fournisseurs d’intrants, cette politique vise à réduire la centralité de la production laitière dans l’économie agricole du Québec en diversifiant les productions animales. Or pareille diversification se heurte à la structure agricole en place depuis la fin du 19e siècle et à un approvisionnement en grains de provende depuis les provinces de l’Ouest, deux phénomènes que les politiques du gouvernement fédéral ont renforcés durant la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, la elle apparaît nécessaire pour surmonter les difficultés auxquelles font face les agriculteurs québécois depuis la fin de la guerre : exode rural, faiblesse du revenu agricole, surproduction chronique dans le secteur laitier dominant.
L’implantation du maïs-grain dans la vallée du Richelieu illustre le changement du rôle de l’agriculture au Québec ainsi que la transformation de l’environnement pour répondre aux nouvelles attentes de la classe agricole et à l’intégration poussée de l’agriculture aux autres secteurs de l’économie. Bien que la région du Richelieu soit présentée comme « naturellement propice » à la culture du maïs-grain, la généralisation de cette céréale a nécessité l’amélioration de la plante et la création d’hybrides hâtifs, ainsi qu’une modification des capacités du sol pour être cultivée à grande échelle. De même, en dépit des discours vantant l’existence d’une vaste demande pour le maïs-grain au Québec, l’écoulement de cette nouvelle production requérait la structuration d’un marché et la mise en place d’infrastructures pour l’entreposage, la transformation et la distribution.
L’étude de l’implantation du maïs-grain dans la vallée du Richelieu nous permet donc d’illustrer les transformations paysagères découlant de la mise en place des politiques d’autosuffisance du gouvernement provincial, ainsi que la nécessaire complémentarité des sphères écologiques et économiques dans la modernisation de l’agriculture au Québec entre 1950 et 1980.
DA - 2010 M3 - Mémoire de maîtrise N2 -Les années 1950 à 1980 sont le théâtre de transformations profondes dans la société québécoise et touchent notamment le monde agricole. Après avoir vécu à la fin du 19e siècle une spécialisation laitière, l’agriculture québécoise connaît au cours de la période à l’étude une seconde phase de modernisation. Les répercussions de la modernisation agricole au cours de la seconde moitié du 20e siècle auront une influence marquée sur le paysage agricole et se traduiront par une consolidation et une intégration poussée des exploitations et une spécialisation des productions. Ces transformations mèneront au modèle que nous connaissons aujourd’hui, soit une agriculture industrielle, fortement intégrée au marché, subventionnée par l’État, et à la recherche d’une haute productivité afin d’être compétitive sur les marchés mondiaux.
Dans le cas qui nous préoccupe spécifiquement, soit celui de la culture du maïs-grain dans la vallée du Richelieu, nous voyons se substituer aux cultures fourragères des monocultures qui sont principalement visées par la refonte de la politique agricole du gouvernement provincial tournée vers l’autosuffisance. Appuyée par les organisations agricoles, syndicales et coopératives, ainsi que les transformateurs et les fournisseurs d’intrants, cette politique vise à réduire la centralité de la production laitière dans l’économie agricole du Québec en diversifiant les productions animales. Or pareille diversification se heurte à la structure agricole en place depuis la fin du 19e siècle et à un approvisionnement en grains de provende depuis les provinces de l’Ouest, deux phénomènes que les politiques du gouvernement fédéral ont renforcés durant la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, la elle apparaît nécessaire pour surmonter les difficultés auxquelles font face les agriculteurs québécois depuis la fin de la guerre : exode rural, faiblesse du revenu agricole, surproduction chronique dans le secteur laitier dominant.
L’implantation du maïs-grain dans la vallée du Richelieu illustre le changement du rôle de l’agriculture au Québec ainsi que la transformation de l’environnement pour répondre aux nouvelles attentes de la classe agricole et à l’intégration poussée de l’agriculture aux autres secteurs de l’économie. Bien que la région du Richelieu soit présentée comme « naturellement propice » à la culture du maïs-grain, la généralisation de cette céréale a nécessité l’amélioration de la plante et la création d’hybrides hâtifs, ainsi qu’une modification des capacités du sol pour être cultivée à grande échelle. De même, en dépit des discours vantant l’existence d’une vaste demande pour le maïs-grain au Québec, l’écoulement de cette nouvelle production requérait la structuration d’un marché et la mise en place d’infrastructures pour l’entreposage, la transformation et la distribution.
L’étude de l’implantation du maïs-grain dans la vallée du Richelieu nous permet donc d’illustrer les transformations paysagères découlant de la mise en place des politiques d’autosuffisance du gouvernement provincial, ainsi que la nécessaire complémentarité des sphères écologiques et économiques dans la modernisation de l’agriculture au Québec entre 1950 et 1980.
PB - Université du Québec à Trois-Rivières PY - 2010 EP - 120 TI - Les mutations de l’agriculture au Québec : l’introduction du maïs-grain dans la vallée du Richelieu après la Seconde Guerre mondiale UR - https://depot-e.uqtr.ca/id/eprint/1724 ER -