TY - THES AU - Josette Brun AB -
Dans les sociétés occidentales catholiques des siècles précédant le nôtre, le veuvage est un phénomène qui touche les adultes de tous les groupes d’âge et dont l’ampleur dépasse celle du divorce dans la société nord-américaine actuelle. Les taux de mortalité élevés dans la population adulte provoquent en effet de fréquentes ruptures d’unions remettant en cause la survie et l’organisation de la famille dans une société basée sur le couple, l’autorité maritale et la division sexuelle du travail. Dans ce contexte, le décès du conjoint place les femmes et les hommes dans des situations bien différentes sur les plans social et économique. Notre étude cherche à cerner de quelle façon la conception du féminin et du masculin conditionne l’expérience du veuvage en Nouvelle-France, et ce, par l’étude du discours des autorités et de l’action des individus pendant les années de vie commune et la période de viduité, dans les villes de Québec et de Louisbourg, capitales coloniales du Canada et de l’Ile Royale, pendant la première moitié du 18e siècle. La qualité des outils de recherche et des sources nous a permis d’entreprendre une telle étude, fondée principalement sur les registres d’état civil, les archives notariales, la correspondance des autorités civiles et religieuses, quelques ouvrages destinés aux ecclésiastiques et aux fidèles de la colonie de même que les recensements et certaines sources juridiques et judiciaires.
L’analyse révèle que l’autorité maritale n’est nullement en péril en Nouvelle- France et qu’elle prend tout son sens et son importance sur le plan formel. Cependant, les droits et le rôle des épouses sur le plan successoral sont généralement respectés et leur participation aux activités quotidiennes est certaine, même si elle varie en importance en fonction de la profession du mari et des circonstances familiales et individuelles. Les privilèges accordés aux veuves pour compenser leur dépendance économique pendant leur vie conjugale son bien protégés, surtout au Canada. La rigidité des rôles masculins pousse les veufs à remplacer l’épouse disparue par une nouvelle conjointe, ou en faisant appel à une femme seule de la parenté quand ils ont des enfants en bas âge, tandis que les veuves, moins mariables après 40 ans, profitent de la flexibilité relative des rôles féminins pour s’adapter à leur nouvelle situation en puisant à diverses sources, soit une éventuelle expérience professionnelle ou un réseau d’appui masculin constitué principalement des fils, des gendres et des neveux. Seul le grand âge tend à atténuer la nécessité d’affirmer son identité masculine, les veufs se « démasculinisant », en quelque sorte, en abdiquant – même à des femmes – leur pouvoir de subvenir à leurs propres besoins. Enfin, l’image de vulnérabilité associée à la féminité favorise les veuves dam le besoin, tandis que le veuf n’inspire pas la même compassion en vertu de son statut privilégié en tant qu’homme dans la société française d’Ancien Régime. Les bonnes mœurs des veuves sont cependant surveillées de plus près que celles des hommes, notamment par l’Église qui leur attribue un statut spirituel oscillant entre l’image de la vierge et de la putain, et les libertés sexuelles qu’elles prennent sont empreintes de prudence.
DA - 2000 M3 - Thèse de doctorat N2 -Dans les sociétés occidentales catholiques des siècles précédant le nôtre, le veuvage est un phénomène qui touche les adultes de tous les groupes d’âge et dont l’ampleur dépasse celle du divorce dans la société nord-américaine actuelle. Les taux de mortalité élevés dans la population adulte provoquent en effet de fréquentes ruptures d’unions remettant en cause la survie et l’organisation de la famille dans une société basée sur le couple, l’autorité maritale et la division sexuelle du travail. Dans ce contexte, le décès du conjoint place les femmes et les hommes dans des situations bien différentes sur les plans social et économique. Notre étude cherche à cerner de quelle façon la conception du féminin et du masculin conditionne l’expérience du veuvage en Nouvelle-France, et ce, par l’étude du discours des autorités et de l’action des individus pendant les années de vie commune et la période de viduité, dans les villes de Québec et de Louisbourg, capitales coloniales du Canada et de l’Ile Royale, pendant la première moitié du 18e siècle. La qualité des outils de recherche et des sources nous a permis d’entreprendre une telle étude, fondée principalement sur les registres d’état civil, les archives notariales, la correspondance des autorités civiles et religieuses, quelques ouvrages destinés aux ecclésiastiques et aux fidèles de la colonie de même que les recensements et certaines sources juridiques et judiciaires.
L’analyse révèle que l’autorité maritale n’est nullement en péril en Nouvelle- France et qu’elle prend tout son sens et son importance sur le plan formel. Cependant, les droits et le rôle des épouses sur le plan successoral sont généralement respectés et leur participation aux activités quotidiennes est certaine, même si elle varie en importance en fonction de la profession du mari et des circonstances familiales et individuelles. Les privilèges accordés aux veuves pour compenser leur dépendance économique pendant leur vie conjugale son bien protégés, surtout au Canada. La rigidité des rôles masculins pousse les veufs à remplacer l’épouse disparue par une nouvelle conjointe, ou en faisant appel à une femme seule de la parenté quand ils ont des enfants en bas âge, tandis que les veuves, moins mariables après 40 ans, profitent de la flexibilité relative des rôles féminins pour s’adapter à leur nouvelle situation en puisant à diverses sources, soit une éventuelle expérience professionnelle ou un réseau d’appui masculin constitué principalement des fils, des gendres et des neveux. Seul le grand âge tend à atténuer la nécessité d’affirmer son identité masculine, les veufs se « démasculinisant », en quelque sorte, en abdiquant – même à des femmes – leur pouvoir de subvenir à leurs propres besoins. Enfin, l’image de vulnérabilité associée à la féminité favorise les veuves dam le besoin, tandis que le veuf n’inspire pas la même compassion en vertu de son statut privilégié en tant qu’homme dans la société française d’Ancien Régime. Les bonnes mœurs des veuves sont cependant surveillées de plus près que celles des hommes, notamment par l’Église qui leur attribue un statut spirituel oscillant entre l’image de la vierge et de la putain, et les libertés sexuelles qu’elles prennent sont empreintes de prudence.
PB - Université de Montréal PY - 2000 EP - 316 TI - Le veuvage en Nouvelle-France : genre, dynamique familiale et stratégies de survie dans deux villes coloniales du XVIIIe siècle, Québec et Louisbourg UR - https://www.collectionscanada.gc.ca/obj/s4/f2/dsk3/ftp04/NQ57459.pdf ER -