TY - THES AU - Mathieu Noël AB -
Cette thèse porte sur l’histoire du Montréal-Matin, un journal quotidien d’information populaire qui a longtemps appartenu à l’Union nationale, et qui paraît de 1930 à 1978. Nous présentons la gestion, l’évolution et les caractéristiques du Montréal-Matin. Nous cherchons à déterminer comment le journal s’inscrit dans le système des journaux montréalais et quel est son apport à l’appareil de presse québécois. De plus, nous vérifions comment il négocie le fait d’être à la fois un journal d’information populaire et d’être lié à un parti politique.
De 1930 à 1946, le journal appartient à l’homme d’affaires Eugène Berthiaume. Celui-ci utilisait son journal comme un outil de négociation pour obtenir des privilèges. Persuadé que les libéraux provinciaux tentaient de nuire à ses affaires, il souhaitait un changement de gouvernement. Dans les années 1930, les administrateurs de la compagnie éditrice tissent donc des liens avec les conservateurs et les unionistes. Ensuite, dans les années 1940, Berthiaume est à la recherche d’une source de financement politique pour l’aider à produire le journal. Il cherche d’abord du côté de ses alliés naturels, mais comme ceux-ci sont incapables de lui venir en aide, il envisage un changement de camp.
En 1947, le Montréal-Matin est vendu à l’Union nationale et les actions de la compagnie éditrice sont remises à Maurice Duplessis. Elles se transmettront par la suite de chef en chef de l’Union nationale jusqu’en 1972. À tour de rôle, ceux-ci nommeront des hommes de confiance dans la compagnie éditrice pour s’assurer le soutien du journal. Durant cette période, le Montréal-Matin devient le principal quotidien francophone du matin à Montréal.
L’Union nationale se départit du Montréal-Matin en 1972. Après avoir appartenu un an à un groupe d’actionnaires dirigé par Régent Desjardins, le journal est racheté par Paul Desmarais. Ce dernier utilise le Montréal-Matin pour diviser le marché de la presse populaire du matin à Montréal et empêcher ainsi le Journal de Montréal de dépasser le tirage de La Presse.
Une analyse de contenu comparative du Montréal-Matin et de La Presse permet de relever les caractéristiques du journal du matin à différents moments de son histoire et, en comparant son contenu à celui de La Presse, nous pouvons identifier ses particularités. Or, ce qui définit avant tout le Montréal-Matin, c’est le fait d’être un journal d’information populaire. Il innove en introduisant dans le système des journaux quotidiens québécois plusieurs caractéristiques de la presse populaire : il est en effet le premier quotidien publié en format tabloïd; il accorde une grande importance aux illustrations; il conçoit ses premières pages à l’aide de photographies et de manchettes accrocheuses; ses sujets de prédilection sont les nouvelles locales, les faits divers, les affaires judiciaires et les sports, etc. Par ailleurs, l’analyse de contenu montre que dans ses opérations quotidiennes, le Montréal-Matin se garde bien d’afficher une partisanerie politique trop apparente. Peu d’espace est alloué à la politique et, à l’exception de la page éditoriale, rares sont les traces d’une quelconque affiliation entre le quotidien et l’Union nationale.
Toutefois, notre analyse de la couverture médiatique des élections provinciales dans le Montréal-Matin montre qu’en période électorale, la fonction partisane est généralement activée. D’abord, le journal a clairement pris position en faveur des conservateurs, en 1931, et des unionistes, en 1936. En 1944, le Montréal-Matin ne prend pas position, mais par la suite, lorsque le journal appartient au chef unioniste, différentes stratégies sont utilisées pour tenter d’influencer les lecteurs de voter pour l’Union nationale. La tactique était sensiblement toujours la même. Elle consistait à projeter une image positive de l’Union nationale et une image négative du Parti libéral. Finalement, l’alliance partisane entre le Montréal-Matin et l’Union nationale est rompue à l’élection générale de 1973.
Bref, le Montréal-Matin a parfois joué un rôle partisan, mais seulement à certains moments opportuns. Le reste du temps, comme les autres quotidiens d’information de son époque, sa priorité était d’augmenter son tirage et ses revenus publicitaires. Pour ce faire, il misait sur les caractéristiques de la presse populaire. Notre thèse permet donc de connaître les origines et le développement de la presse d’information populaire au Québec.
CY - Montréal DA - 2014 M3 - Thèse de doctorat N2 -Cette thèse porte sur l’histoire du Montréal-Matin, un journal quotidien d’information populaire qui a longtemps appartenu à l’Union nationale, et qui paraît de 1930 à 1978. Nous présentons la gestion, l’évolution et les caractéristiques du Montréal-Matin. Nous cherchons à déterminer comment le journal s’inscrit dans le système des journaux montréalais et quel est son apport à l’appareil de presse québécois. De plus, nous vérifions comment il négocie le fait d’être à la fois un journal d’information populaire et d’être lié à un parti politique.
De 1930 à 1946, le journal appartient à l’homme d’affaires Eugène Berthiaume. Celui-ci utilisait son journal comme un outil de négociation pour obtenir des privilèges. Persuadé que les libéraux provinciaux tentaient de nuire à ses affaires, il souhaitait un changement de gouvernement. Dans les années 1930, les administrateurs de la compagnie éditrice tissent donc des liens avec les conservateurs et les unionistes. Ensuite, dans les années 1940, Berthiaume est à la recherche d’une source de financement politique pour l’aider à produire le journal. Il cherche d’abord du côté de ses alliés naturels, mais comme ceux-ci sont incapables de lui venir en aide, il envisage un changement de camp.
En 1947, le Montréal-Matin est vendu à l’Union nationale et les actions de la compagnie éditrice sont remises à Maurice Duplessis. Elles se transmettront par la suite de chef en chef de l’Union nationale jusqu’en 1972. À tour de rôle, ceux-ci nommeront des hommes de confiance dans la compagnie éditrice pour s’assurer le soutien du journal. Durant cette période, le Montréal-Matin devient le principal quotidien francophone du matin à Montréal.
L’Union nationale se départit du Montréal-Matin en 1972. Après avoir appartenu un an à un groupe d’actionnaires dirigé par Régent Desjardins, le journal est racheté par Paul Desmarais. Ce dernier utilise le Montréal-Matin pour diviser le marché de la presse populaire du matin à Montréal et empêcher ainsi le Journal de Montréal de dépasser le tirage de La Presse.
Une analyse de contenu comparative du Montréal-Matin et de La Presse permet de relever les caractéristiques du journal du matin à différents moments de son histoire et, en comparant son contenu à celui de La Presse, nous pouvons identifier ses particularités. Or, ce qui définit avant tout le Montréal-Matin, c’est le fait d’être un journal d’information populaire. Il innove en introduisant dans le système des journaux quotidiens québécois plusieurs caractéristiques de la presse populaire : il est en effet le premier quotidien publié en format tabloïd; il accorde une grande importance aux illustrations; il conçoit ses premières pages à l’aide de photographies et de manchettes accrocheuses; ses sujets de prédilection sont les nouvelles locales, les faits divers, les affaires judiciaires et les sports, etc. Par ailleurs, l’analyse de contenu montre que dans ses opérations quotidiennes, le Montréal-Matin se garde bien d’afficher une partisanerie politique trop apparente. Peu d’espace est alloué à la politique et, à l’exception de la page éditoriale, rares sont les traces d’une quelconque affiliation entre le quotidien et l’Union nationale.
Toutefois, notre analyse de la couverture médiatique des élections provinciales dans le Montréal-Matin montre qu’en période électorale, la fonction partisane est généralement activée. D’abord, le journal a clairement pris position en faveur des conservateurs, en 1931, et des unionistes, en 1936. En 1944, le Montréal-Matin ne prend pas position, mais par la suite, lorsque le journal appartient au chef unioniste, différentes stratégies sont utilisées pour tenter d’influencer les lecteurs de voter pour l’Union nationale. La tactique était sensiblement toujours la même. Elle consistait à projeter une image positive de l’Union nationale et une image négative du Parti libéral. Finalement, l’alliance partisane entre le Montréal-Matin et l’Union nationale est rompue à l’élection générale de 1973.
Bref, le Montréal-Matin a parfois joué un rôle partisan, mais seulement à certains moments opportuns. Le reste du temps, comme les autres quotidiens d’information de son époque, sa priorité était d’augmenter son tirage et ses revenus publicitaires. Pour ce faire, il misait sur les caractéristiques de la presse populaire. Notre thèse permet donc de connaître les origines et le développement de la presse d’information populaire au Québec.
PB - Université du Québec à Montréal PP - Montréal PY - 2014 EP - 353 TI - Le Montréal-Matin (1930-1978), un journal d’information populaire UR - http://www.archipel.uqam.ca/id/eprint/7111 ER -