TY - THES AU - Jacques Vézina AB -
À partir d’une enquête qualitative conduite auprès de vingt ex-policiers entrés dans la Sûreté provinciale du Québec entre 1961 et 1966, cette recherche met en lumière les différents fondements sur lesquels repose la réorganisation majeure que connaît cette institution lors de l’arrivée au pouvoir des Libéraux de Jean Lesage.
Une nouvelle direction, composée d’ex-membres de la Gendarmerie royale du Canada, édicte de nouvelles normes de recrutement et de sélection du personnel policier, dont une scolarité plus élevée des recrues. Elle instaure également une première école de formation, de style militaire, passage préalable et obligatoire à l’exercice de la fonction policière.
Notre enquête permet de mieux saisir le climat organisationnel à l’intérieur duquel ces jeunes policiers amorcent leurs carrières. Elle relève leurs observations, quant aux habitudes et attitudes de travail de l’époque. Elle nous démontre de plus comment ces policiers sont partie prenante de cette société québécoise mutante dans laquelle ils évoluent. Ainsi en est-il de l’observation de la professionnalisation et de la syndicalisation de ce corps de métier, enjeux sociaux importants des années 1960.
Cependant, l’axe central de cette recherche repose sur une description détaillée des styles d’autorité auxquels ces jeunes hommes ont été soumis depuis leur enfance jusqu’à leur sortie de l’école de police. Essentiellement patriarcales et rigides, ces autorités qui les ont guidés ont eu recours à toute une panoplie de moyens pour s’imposer : de la simple réprimande verbale aux châtiments physiques percutants. Leurs témoignages permettent de mieux comprendre les rites langagiers et sociaux de l’époque. De plus, nous saisissons comment ils se sont incarnés dans les figures d’autorité de la mère, du père, du maître d’école et d’autres adultes significatifs qui ont marqué leur enfance et leur jeunesse. Ainsi, ces ex-policiers définissent-ils sur quelles prémisses a reposé, à ses débuts, leur propre exercice de l’autorité policière, tant dans sa forme langagière que comportementale.
Cette recherche démontre surtout que la réussite de ce grand mouvement de changement qui balaie la Sûreté provinciale de ce temps va bien au-delà des nouvelles modalités administratives instaurées dans cette période. En effet, nous croyons que c’est par l’observation du type d’autorité instaurée par les ex-membres de la GRC que nous pouvons saisir les éléments fondamentaux sur lesquels repose cette transformation. Si ces jeunes policiers fraîchement formés, affectés assez rapidement aux activités de la patrouille, acceptent de pratiquer de nouvelles attitudes et habitudes de travail, c’est qu’ils doivent le faire sous la menace d’une autorité implacable. En effet, c’est l’application intransigeante de nouvelles règles de disciplines, radicale et sans aucun droit d’appel, qui force les jeunes policiers à s’y conformer. En réalité, cette nouvelle autorité policière est identique à toutes celles qu’ils ont connues avant leur entrée dans la police: c’est-à-dire qu’elle est à sens unique et qu’ils ne peuvent pas la discuter. Ces différentes autorités et leurs mandataires ont toutes maintenu ces jeunes dans un état de totale dépendance au moyen de mesures disciplinaires radicales, intimidantes voire apeurantes. Cette recherche permet également de comprendre que le mouvement de syndicalisation auquel ils s’associent, tout en étant synchronisé avec celui de la fonction publique québécoise, représente la seule véritable arme et la plus efficace sans doute, qu’ils puissent utiliser pour confronter honorablement une autorité jusqu’alors sans limites.
Enfin, cette étude fait voir que la réorganisation majeure qui bouleverse la Sûreté provinciale ne touche pas en profondeur le secteur des enquêtes spécialisées, son bastion fort depuis sa création comme force policière. Ainsi est-il opportun de se demander dans quelle mesure cette professionnalisation et cette mise en place de nouvelles attitudes et habitudes de travail a vraiment touché l’ensemble des policiers de cette organisation.
DA - 2002 M3 - Mémoire de maîtrise N2 -À partir d’une enquête qualitative conduite auprès de vingt ex-policiers entrés dans la Sûreté provinciale du Québec entre 1961 et 1966, cette recherche met en lumière les différents fondements sur lesquels repose la réorganisation majeure que connaît cette institution lors de l’arrivée au pouvoir des Libéraux de Jean Lesage.
Une nouvelle direction, composée d’ex-membres de la Gendarmerie royale du Canada, édicte de nouvelles normes de recrutement et de sélection du personnel policier, dont une scolarité plus élevée des recrues. Elle instaure également une première école de formation, de style militaire, passage préalable et obligatoire à l’exercice de la fonction policière.
Notre enquête permet de mieux saisir le climat organisationnel à l’intérieur duquel ces jeunes policiers amorcent leurs carrières. Elle relève leurs observations, quant aux habitudes et attitudes de travail de l’époque. Elle nous démontre de plus comment ces policiers sont partie prenante de cette société québécoise mutante dans laquelle ils évoluent. Ainsi en est-il de l’observation de la professionnalisation et de la syndicalisation de ce corps de métier, enjeux sociaux importants des années 1960.
Cependant, l’axe central de cette recherche repose sur une description détaillée des styles d’autorité auxquels ces jeunes hommes ont été soumis depuis leur enfance jusqu’à leur sortie de l’école de police. Essentiellement patriarcales et rigides, ces autorités qui les ont guidés ont eu recours à toute une panoplie de moyens pour s’imposer : de la simple réprimande verbale aux châtiments physiques percutants. Leurs témoignages permettent de mieux comprendre les rites langagiers et sociaux de l’époque. De plus, nous saisissons comment ils se sont incarnés dans les figures d’autorité de la mère, du père, du maître d’école et d’autres adultes significatifs qui ont marqué leur enfance et leur jeunesse. Ainsi, ces ex-policiers définissent-ils sur quelles prémisses a reposé, à ses débuts, leur propre exercice de l’autorité policière, tant dans sa forme langagière que comportementale.
Cette recherche démontre surtout que la réussite de ce grand mouvement de changement qui balaie la Sûreté provinciale de ce temps va bien au-delà des nouvelles modalités administratives instaurées dans cette période. En effet, nous croyons que c’est par l’observation du type d’autorité instaurée par les ex-membres de la GRC que nous pouvons saisir les éléments fondamentaux sur lesquels repose cette transformation. Si ces jeunes policiers fraîchement formés, affectés assez rapidement aux activités de la patrouille, acceptent de pratiquer de nouvelles attitudes et habitudes de travail, c’est qu’ils doivent le faire sous la menace d’une autorité implacable. En effet, c’est l’application intransigeante de nouvelles règles de disciplines, radicale et sans aucun droit d’appel, qui force les jeunes policiers à s’y conformer. En réalité, cette nouvelle autorité policière est identique à toutes celles qu’ils ont connues avant leur entrée dans la police: c’est-à-dire qu’elle est à sens unique et qu’ils ne peuvent pas la discuter. Ces différentes autorités et leurs mandataires ont toutes maintenu ces jeunes dans un état de totale dépendance au moyen de mesures disciplinaires radicales, intimidantes voire apeurantes. Cette recherche permet également de comprendre que le mouvement de syndicalisation auquel ils s’associent, tout en étant synchronisé avec celui de la fonction publique québécoise, représente la seule véritable arme et la plus efficace sans doute, qu’ils puissent utiliser pour confronter honorablement une autorité jusqu’alors sans limites.
Enfin, cette étude fait voir que la réorganisation majeure qui bouleverse la Sûreté provinciale ne touche pas en profondeur le secteur des enquêtes spécialisées, son bastion fort depuis sa création comme force policière. Ainsi est-il opportun de se demander dans quelle mesure cette professionnalisation et cette mise en place de nouvelles attitudes et habitudes de travail a vraiment touché l’ensemble des policiers de cette organisation.
PB - Université du Québec à Trois-Rivières PY - 2002 EP - 167 TI - La professionnalisation de la Sûreté provinciale du Québec, 1960-1970 UR - https://depot-e.uqtr.ca/id/eprint/2623 ER -