TY - THES AU - Lauréanne Daneau AB -
À la fin des années 1980, dans le cadre de consultations publiques préparées par le ministère de l’Immigration, plusieurs acteurs de la société civile québécoise expriment leurs préoccupations face à la concentration de la population immigrante à Montréal. En effet, plus de 87 % des immigrants établis au Québec vivent alors dans la métropole. Dès 1990, le gouvernement québécois annonce son intention de favoriser la régionalisation, de l’immigration dans une perspective de développement régional. Or, la concentration métropolitaine des immigrants n’est ni un phénomène récent ni propre au Québec. Pourquoi dans ce cas devient-il, à cette époque, un problème public?
Une analyse de politique publique basée sur le modèle théorique séquentiel développé par Charles Jones nous permet d’étudier le processus par lequel la concentration métropolitaine de l’immigration au Québec est construite socialement et politiquement comme un problème public par les autorités gouvernementales et des représentants de la société civile. Ce processus est analysé à travers quatre consultations publiques organisées par le ministère de l’Immigration du Québec en 1987, 1991, 1997 et 2000. Il est étudié à travers des mémoires présentés à ces consultations, ainsi que des publications gouvernementales. Procédant d’abord à une analyse de contenu de ces documents, puis à une analyse de discours, nous mettons en lumière l’influence que les débats politiques dominants des années 1980 et 1990 ont sur celui de la régionalisation de l’immigration. Soulevés par la montée du nationalisme québécois, les débats constitutionnels sur l’avenir du Québec au sein de la fédération canadienne sont aussi entretenus par le déclin démographique de cette province, particulièrement prononcé à l’extérieur de la région métropolitaine. La régionalisation de l’immigration apparaît alors comme une double solution. Elle permettrait d’une part de contrer la forte anglicisation des immigrants et de favoriser leur intégration à la majorité francophone beaucoup plus présente en région. Elle agirait d’autre part comme un moteur démographique et économique propre à stimuler le développement régional.
Notre analyse de discours révèle un moment de rupture entre la formulation initiale du problème par des acteurs de la société civile qui, en 1987, demandent une « démétropolisation » de l’immigration, et la décision que prend le gouvernement d’élaborer une politique de « régionalisation ». Tandis que les premiers insistent sur la forte présence d’immigrants à Montréal, et l’insuffisance de leur intégration à la société francophone, le discours étatique met plutôt de l’avant le fait que les régions soient privées de l’apport positif des immigrants. L’avis du Conseil des Communautés culturelles et de l’Immigration y est pour beaucoup. Ce groupe d’experts agit à titre de conseillers auprès des ministres de l’Immigration et propose cette orientation stratégique en 1989. Par ailleurs, malgré la connotation plus positive qu’a la notion de « régionalisation », les discours du gouvernement, comme ceux des représentants de la société civile, ont tendance à instrumentaliser les immigrants en les présentant comme une ressource pouvant répondre à des problèmes auxquels, a priori, l’immigration n’est pas liée.
CY - Trois-Rivières DA - 2015 M3 - Mémoire de maîtrise N2 -À la fin des années 1980, dans le cadre de consultations publiques préparées par le ministère de l’Immigration, plusieurs acteurs de la société civile québécoise expriment leurs préoccupations face à la concentration de la population immigrante à Montréal. En effet, plus de 87 % des immigrants établis au Québec vivent alors dans la métropole. Dès 1990, le gouvernement québécois annonce son intention de favoriser la régionalisation, de l’immigration dans une perspective de développement régional. Or, la concentration métropolitaine des immigrants n’est ni un phénomène récent ni propre au Québec. Pourquoi dans ce cas devient-il, à cette époque, un problème public?
Une analyse de politique publique basée sur le modèle théorique séquentiel développé par Charles Jones nous permet d’étudier le processus par lequel la concentration métropolitaine de l’immigration au Québec est construite socialement et politiquement comme un problème public par les autorités gouvernementales et des représentants de la société civile. Ce processus est analysé à travers quatre consultations publiques organisées par le ministère de l’Immigration du Québec en 1987, 1991, 1997 et 2000. Il est étudié à travers des mémoires présentés à ces consultations, ainsi que des publications gouvernementales. Procédant d’abord à une analyse de contenu de ces documents, puis à une analyse de discours, nous mettons en lumière l’influence que les débats politiques dominants des années 1980 et 1990 ont sur celui de la régionalisation de l’immigration. Soulevés par la montée du nationalisme québécois, les débats constitutionnels sur l’avenir du Québec au sein de la fédération canadienne sont aussi entretenus par le déclin démographique de cette province, particulièrement prononcé à l’extérieur de la région métropolitaine. La régionalisation de l’immigration apparaît alors comme une double solution. Elle permettrait d’une part de contrer la forte anglicisation des immigrants et de favoriser leur intégration à la majorité francophone beaucoup plus présente en région. Elle agirait d’autre part comme un moteur démographique et économique propre à stimuler le développement régional.
Notre analyse de discours révèle un moment de rupture entre la formulation initiale du problème par des acteurs de la société civile qui, en 1987, demandent une « démétropolisation » de l’immigration, et la décision que prend le gouvernement d’élaborer une politique de « régionalisation ». Tandis que les premiers insistent sur la forte présence d’immigrants à Montréal, et l’insuffisance de leur intégration à la société francophone, le discours étatique met plutôt de l’avant le fait que les régions soient privées de l’apport positif des immigrants. L’avis du Conseil des Communautés culturelles et de l’Immigration y est pour beaucoup. Ce groupe d’experts agit à titre de conseillers auprès des ministres de l’Immigration et propose cette orientation stratégique en 1989. Par ailleurs, malgré la connotation plus positive qu’a la notion de « régionalisation », les discours du gouvernement, comme ceux des représentants de la société civile, ont tendance à instrumentaliser les immigrants en les présentant comme une ressource pouvant répondre à des problèmes auxquels, a priori, l’immigration n’est pas liée.
PB - Université du Québec à Trois-Rivières PP - Trois-Rivières PY - 2015 EP - 177 TI - La régionalisation de l’immigration au Québec : le débat public entre le gouvernement et la société civile à l’origine de la politique, 1987-2000 UR - https://depot-e.uqtr.ca/id/eprint/7669 ER -