TY - THES AU - Martial Dassylva AB -

La période qui coïncide avec la naissance des cégeps a été diversement perçue et appréciée. Certains observateurs ont considéré qu’elle s’était déroulée très rapidement, trop rapidement d’ailleurs, dans l’improvisation la plus totale. D’autres ont soutenu, au contraire, qu’il y avait urgence, les réformes réclamées depuis plusieurs années ne pouvant plus attendre, sous peine de priver des milliers d’étudiants d’une éducation à laquelle ils avaient démocratiquement droit. Ces deux perceptions opposées correspondent-elles à la réalité? Sont-elles inconciliables?

S’il est assez évident que la création des cégeps s’est faite assez rapidement, encore que la mémoire et le recul du temps imposent souvent des distorsions et des télescopages pas toujours rigoureux, il est, par contre, indéniable qu’une fois la décision prise de procéder à la réforme envisagée, on n’avait plus beaucoup de choix et qu’il fallait plonger. Une certaine rapidité était nécessaire, oui, mais une rapidité commandée par la situation. Là où nous sommes en désaccord, c’est lorsqu’on laisse entendre que l’ensemble du processus de création s’est déroulé sous le signe de l’improvisation, selon l’inspiration du moment, au gré des humeurs et des circonstances.

Contrairement à la légende qui prévaut en certains milieux et dans certains esprits, nous pensons que la naissance des cégeps s’est inscrite dans un processus de maturation et d’insertion dans la réalité sociale et politique du Québec, et cela suivant trois modèles clairement identifiés dans trois sources différentes : le modèle virtuel proposé dans le Rapport Parent, et les deux modèles concrets élaborés successivement par le Comité de planification de l’enseignement pré-universitaire et professionnel (COPEPP), que nous suivrons grâce aux comptes rendus de ses 23 réunions, et par la Mission des collèges d’enseignement général et professionnel, dont nous analyserons les huit rapports. Le modèle virtuel de la Commission Parent contient tous les éléments essentiels de l’institution à venir, à la fois nouvel ordre d’enseignement et établissement matériel. Le modèle du COPEPP apporte des précisions importantes au point de vue administratif et juridique, tandis que le modèle ultime défendu par la Mission des collèges, un modèle de terrain, in situ pourrions-nous dire, tient compte de la réalité à la fois sociale, géographique et régionale de la réforme à faire. Ces trois modèles se développent avec, en arrière-plan, la conjoncture sociale et politique de l’époque et, en contre-point, l’arbitrage ultime des gouvernements au pouvoir.

Tout bien considéré, si la création des cégeps s’est déroulée sur une période intensive de trois ans, de 1967 à 1969, la naissance des cégeps, elle, s’est étendue sur une période beaucoup plus longue de sept ans environ, de la publication des volumes II et III du Rapport Parent en 1964 à 1971, l’année où est lancée l’expérience des cégeps régionaux.

DA - 2004 M3 - Mémoire de maîtrise N2 -

La période qui coïncide avec la naissance des cégeps a été diversement perçue et appréciée. Certains observateurs ont considéré qu’elle s’était déroulée très rapidement, trop rapidement d’ailleurs, dans l’improvisation la plus totale. D’autres ont soutenu, au contraire, qu’il y avait urgence, les réformes réclamées depuis plusieurs années ne pouvant plus attendre, sous peine de priver des milliers d’étudiants d’une éducation à laquelle ils avaient démocratiquement droit. Ces deux perceptions opposées correspondent-elles à la réalité? Sont-elles inconciliables?

S’il est assez évident que la création des cégeps s’est faite assez rapidement, encore que la mémoire et le recul du temps imposent souvent des distorsions et des télescopages pas toujours rigoureux, il est, par contre, indéniable qu’une fois la décision prise de procéder à la réforme envisagée, on n’avait plus beaucoup de choix et qu’il fallait plonger. Une certaine rapidité était nécessaire, oui, mais une rapidité commandée par la situation. Là où nous sommes en désaccord, c’est lorsqu’on laisse entendre que l’ensemble du processus de création s’est déroulé sous le signe de l’improvisation, selon l’inspiration du moment, au gré des humeurs et des circonstances.

Contrairement à la légende qui prévaut en certains milieux et dans certains esprits, nous pensons que la naissance des cégeps s’est inscrite dans un processus de maturation et d’insertion dans la réalité sociale et politique du Québec, et cela suivant trois modèles clairement identifiés dans trois sources différentes : le modèle virtuel proposé dans le Rapport Parent, et les deux modèles concrets élaborés successivement par le Comité de planification de l’enseignement pré-universitaire et professionnel (COPEPP), que nous suivrons grâce aux comptes rendus de ses 23 réunions, et par la Mission des collèges d’enseignement général et professionnel, dont nous analyserons les huit rapports. Le modèle virtuel de la Commission Parent contient tous les éléments essentiels de l’institution à venir, à la fois nouvel ordre d’enseignement et établissement matériel. Le modèle du COPEPP apporte des précisions importantes au point de vue administratif et juridique, tandis que le modèle ultime défendu par la Mission des collèges, un modèle de terrain, in situ pourrions-nous dire, tient compte de la réalité à la fois sociale, géographique et régionale de la réforme à faire. Ces trois modèles se développent avec, en arrière-plan, la conjoncture sociale et politique de l’époque et, en contre-point, l’arbitrage ultime des gouvernements au pouvoir.

Tout bien considéré, si la création des cégeps s’est déroulée sur une période intensive de trois ans, de 1967 à 1969, la naissance des cégeps, elle, s’est étendue sur une période beaucoup plus longue de sept ans environ, de la publication des volumes II et III du Rapport Parent en 1964 à 1971, l’année où est lancée l’expérience des cégeps régionaux.

PB - Université du Québec à Montréal PY - 2004 EP - 171 TI - La naissance des cégeps, 1964-1971 UR - https://eduq.info/xmlui/handle/11515/35248 ER -