@phdthesis{1427, author = {Dominique Foisy-Geoffroy}, title = {Les idées politiques des intellectuels traditionalistes canadiens-français 1940-1960}, abstract = {
Dans cette thèse d’histoire intellectuelle, nous mettons en lumière les idées politiques des penseurs traditionalistes canadiens-français, aussi appelés clérico-nationalistes, entre 1940 et 1960. Nous nous penchons sur la réaction des traditionalistes devant les profondes mutations que connaît la politique canadienne et la société canadienne-française à cette époque, sur les racines philosophiques de leur position et sur ce que sont, selon eux, les fins de la politique. Afin de répondre à ces questions, nous nous livrons à une analyse fine du discours de ces intellectuels, tel qu’on le retrouve dans des brochures, des articles de journaux et de revues, des ouvrages et des manuscrits. D’une part, la pensée politique traditionaliste est ancrée dans une tradition millénaire, soit la philosophie politique dite classique-chrétienne, dont le cœur est constitué des œuvres d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin. Les intellectuels canadiens français se réfèrent essentiellement à l’interprétation de cette philosophie que donne la doctrine catholique depuis, notamment, le pontificat de Léon XIII (1878-1903). D’autre part, cette pensée pousse ses racines dans une tradition d’idées politiques propre au Canada français, à la fois nationaliste et catholique, dont on retrace les origines jusqu’aux ultramontains du XIXe siècle.
Dans les grandes lignes, la pensée politique traditionaliste est finaliste, elle met l’accent sur la responsabilité individuelle et sur la moralité des acteurs de la vie politique, elle perçoit la société comme un tout organique et elle affirme la nécessité d’une direction générale des sociétés vers leur fin. Ces principes essentiels débouchent sur une conception décentralisée et organique de la politique, réglée par le principe de subsidiarité et subordonnée aux fins spirituelles et culturelles de l’homme. La notion de « fédéralisme social » résume l’esprit de cette organisation. Elle donne la primauté à la responsabilité individuelle, mais affirme la nécessité d’une coordination des forces sociales et demeure ouverte à une certaine mesure d’intervention étatique. Cette formule, mieux que toute autre, permettrait de concilier liberté et poursuite du bien commun. Elle accorde de plus une place de choix à la nation, car celle-ci est l’agent par excellence de la transmission de la culture. A ce titre, le bien national est un aspect fondamental du bien commun. La thèse de l’État français, de Lionel Groulx, est la formulation la plus achevée de ce nationalisme politique canadien-français. Cette conception du politique s’inscrit dans un projet de civilisation qui vise à préserver l’essentiel de la tradition chrétienne et française telle qu’elle s’est incarnée au Canada français, afin de l’adapter à l’évolution rapide des conditions de vie économiques et sociales, contre la montée d’une civilisation matérialiste et déspiritualisée. Le rapport de la Commission Tremblay (1953-1956), qui porte la marque de trois des principaux intellectuels traditionalistes de l’époque, Esdras Minville, Richard Ares et François-Albert Angers, constitue la somme théorique et pratique de l’idéologie traditionaliste, notamment en matière politique.
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