@phdthesis{1415, author = {Sylvain Lacoursière}, title = {Le soldat dans la culture au Québec en 1939-1945 : du héros-guerrier à la chair à canon}, abstract = {
Cette étude traite de la représentation du soldat dans la culture au Québec pendant la Deuxième Guerre mondiale. À l’aube du nouveau conflit, le gouvernement canadien de William Lyon Mackenzie King invite l’Écossais John Grierson à mettre en place et à diriger l’Office National du Film, principal outil de propagande du gouvernement. Dans les films produits par cet organisme, le soldat sera présenté de façon héroïque, il aura toutes les qualités, pour en faire un modèle et inciter les Canadiens à s’enrôler.
Le premier objectif de ce mémoire était de dégager l’image du soldat avant que la Deuxième Guerre mondiale ne commence. Nous voulions voir jusqu’à quel point elle serait récupérée par la propagande. Nous verrons que la représentation de ce soldat sera en accord avec la mémoire officielle de la Grande Guerre que nous dégagerons. Parmi les modèles prônés par la propagande, les figures des soldats-héros de Dollard des Ormeaux et de Madeleine de Verchères seront réactualisées. L’armée canadienne s’emploiera aussi à humaniser le soldat et utilisera un chanteur populaire, le soldat Lebrun, pour parvenir à ses fins.
Notre second objectif est de démontrer qu’il y a eu une augmentation de la place du soldat dans la culture au Québec au cours du conflit. La mémoire pancanadienne des autorités ne trouvera pas une adhésion aussi grande au Québec que dans le reste du Canada. La résistance à l’enrôlement obligatoire (la conscription) sera très grande parmi les Canadiens français et forcera le gouvernement fédéral à répondre aux attaques et à intensifier sa propagande, ce qui se traduira par la multiplication des émissions radiophoniques justifiant la guerre et la série de films Les reportages, tournés au Québec en français et visant spécifiquement les Québécois.
Le troisième objectif de ce mémoire est de voir jusqu’où l’on pouvait s’éloigner de la ligne officielle de la propagande et si cela portait à conséquences. Les auteurs de romans, qui ne sont pas issus de la propagande, utiliseront plusieurs façons de représenter le soldat. Parfois, certains reprendront en tous points le discours propagandiste. La plupart amèneront cependant des nuances importantes, loin de l’idéalisation du personnage guerrier des films de l’ONF. Le soldat, ce sera souvent un pauvre chômeur qui acquiert son salut par la guerre, forcé de s’enrôler par les circonstances.
Un message aux antipodes de la propagande émergera dans deux œuvres différentes : Mémoires d’un soldat inconnu, d’Adolphe Brassard, la seule œuvre romanesque censurée de la guerre, et surtout Les Fridolinades, de Gratien Gélinas, qui se moquera de cette propagande dans chaque revue. Toutefois, Gélinas le fera tout en humour et, mis à part un avertissement pour un sketch sur les CWACS, sa façon humoristique le mettra à l’abri de la censure, devenant la soupape d’un peuple contrarié par la conscription. On pourra donc conclure qu’il était possible de s’éloigner de l’image du soldat prônée par la propagande en autant que cela ne nuise pas à l’effort de guerre.
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