@phdthesis{1285, author = {Jonathan Fournier}, title = {Le développement des sciences économiques en milieu universitaire au Québec francophone de 1939 à 1975}, abstract = {
La thèse a pour objectif d’analyser le développement des sciences économiques en milieu universitaire québécois francophone de 1939 à 1975. Nous étudierons cet objet particulièrement sous l’angle de l’instrumentalisation de la discipline. En effet, la crise économique de 1929 favorise un rapprochement entre savoir économique et pouvoir politique. Les autorités politiques souhaitent mettre fin à la crise à l’aide d’experts en sciences sociales, particulièrement des économistes. Les différentes autorités gouvernementales feront pression pour orienter le développement des sciences économiques dans une direction qui correspond à leurs préoccupations. L’institutionnalisation des sciences économiques est très fortement liée à la consolidation de l’État-nation et à la croyance que tout État peut et doit intervenir sur l’économie pour affirmer sa souveraineté nationale. Cette utilisation grandissante du travail des économistes par les différents gouvernements donne une visibilité et une légitimité à la discipline en pleine croissance. Les différentes instances gouvernementales embauchent de nombreux économistes. Ils s’assurent également de la collaboration de la majorité des économistes universitaires. Comme les gouvernements deviennent le principal employeur des diplômés en sciences économiques, les départements de sciences économiques tentent d’ajuster la formation universitaire à cette demande. C’est donc dans un cadre très pragmatique qu’évoluent les premiers économistes québécois.
Cependant, cette collaboration entre savoir et pouvoir ne va pas sans problème. Plusieurs économistes estiment que la discipline est à la remorque de l’État et luttent contre son instrumentalisation. Cette collaboration entre les économistes et le champ bureaucratique est si importante que de nombreux économistes lancent des cris d’alarme sur la perte d’indépendance des universitaires face à l’orientation de la recherche. Doit-on s’inquiéter du fait que la recherche réponde à des besoins et des critères définis de l’extérieur du monde universitaire? Plusieurs pensent que oui et tentent de préserver les départements de sciences économiques de l’influence jugée étouffante des gouvernements. Parmi les stratégies déployées pour conquérir cette autonomie, on fait la promotion du professeur-chercheur, qui doit produire avant tout pour ses collègues. Ce professeur-chercheur doit s’investir dans une recherche que l’on qualifie de fondamentale. Celle-ci s’adresse à d’autres universitaires et doit répondre à des critères désignés par ces derniers. De nombreuses transformations administratives au sein de l’institution universitaire viennent d’ailleurs appuyer cette orientation, qui annonce le déclin de l’économie appliquée. De nombreux économistes universitaires travaillent à la consolidation de leur discipline en marginalisant les économistes travaillant au sein de l’appareil étatique ou dans l’entreprise privée. Ils prennent le contrôle d’institutions telles que les revues, les associations professionnelles et les sociétés savantes. Ces professeurs dotés de diplômes de troisième cycle, fort souvent obtenus dans des universités américaines, vont travailler à la consolidation de la discipline. Ces derniers accèdent à des postes clés au sein des départements. Ils retirent du programme universitaire les cours qui s’ éloignent du cursus strictement consacré aux sciences économiques. On questionne la validité des approches sociologiques, historiques ou politiques pour bien saisir les réalités économiques. Ces économistes embauchés à la fin des années 1950 et dans les années 1960 engagent des professeurs qui vont permettre la reproduction de leurs idées au sein de l’institution universitaire. Ils font la promotion de la recherche fondamentale et font des pressions pour abandonner la tâche de vulgariser le s questions économiques pour le grand public, activité fort répandue auparavant. Ces économistes questionnent le sérieux des travaux produits par la génération précédente; ils tournent en ridicule l’approche nationaliste des Esdras Minville, Édouard Montpetit et François-Albert Angers. On adopte des structures départementales similaires à celles présentes aux États-Unis, on embauche des professeurs qui détiennent des Pb. D. américains. La francophilie des premiers économistes est remplacée par l’américanophilie d’une nouvelle génération. Il faut désormais un bagage en mathématiques et en théorie économique pour porter le titre d’économiste. L’appareil méthodologique des sciences économiques n’est plus du tout le même. Bref, l’objet d’étude reste le même mais le cadre théorique et l’appareil méthodologique s’éloignent des sciences sociales pour se rapprocher des sciences physiques et mathématiques.
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