@phdthesis{1034, author = {Denis Veilleux}, title = {La motorisation ou « La rançon du progrès ». Tramways, véhicules-moteurs et circulation (Montréal, 1900-1930)}, abstract = {
L’objet de cette thèse est une technologie qui a profondément affecté notre société, le véhicule automobile. Entre 1900 et 1930, la motorisation progressa rapidement à Montréal et dans ses environs, et le véhicule-moteur y devint un mode de transport urbain dominant. Mais pour parvenir à ce statut, il ne suffisait pas qu’un nombre croissant de personnes adopte la nouvelle technologie. La voie publique étant déjà partagée par différents usagers au début de la motorisation, les automobilistes durent par conséquent y imposer le véhicule automobile. Et plus qu’avec tout autre usager de la voie publique, c’est avec les promoteurs du tramway qu’ils durent « négocier » son (re)partage.
La négociation concernait l’espace disponible dans la voie publique ainsi que le mouvement des véhicules. Sur le plan spatial, l’omniprésence des tramways et de leurs installations ainsi que le stationnement des véhicules devinrent problématiques, particulièrement dans le centre-ville de Montréal, à tel point que la construction de grands boulevards ou de métros furent des solutions rapidement envisagées. Sur le plan du mouvement des véhicules, la priorité des tramways sur la voie publique et l’interdiction de les dépasser constituaient pour les automobilistes des obstacles majeurs à la réalisation du plein potentiel du véhicule-moteur. À la fin des années vingt, les conflits sont tels que la notion de progrès est invoquée autant pour faire la promotion du véhicule automobile que pour faire celle du tramway.
Les conflits pour le partage de la voie publique furent d’autant plus sérieux qu’ils se développèrent dans un contexte leur étant propice. D’abord différentes fractions de l’élite montréalaise favorisaient l’une ou l’autre des deux technologies protagonistes. D’un côté, les automobilistes étalent bien organises et prêts à tout pour promouvoir la motorisation. De l’autre côté, les promoteurs du tramway ne reculaient devant rien pour protéger leur monopole. L’animosité au sein des classes aisées fut alimentée par le fait que le choix du véhicule-moteur s’effectua dans un contexte de sentiments antimonopolistes et d’insatisfactions à l’égard du service offert par les entreprises de tramway. Enfin, avec le développement de la motorisation, les problèmes de la circulation se multiplièrent : augmentation des décès et des accidents, poursuites judiciaires et congestion du centre-ville. La circulation devint d’ailleurs une préoccupation assez importante pour que les forces policières affectées à la circulation augmentent et que de nombreux organismes voués à sa gestion soient créés.
Les classes populaires montréalaises n’ont pas été exclues des conflits présents au sein de l’élite. De manière générale, la population entière dut se ranger dans l’un ou l’autre camp de promoteurs. La motorisation apparaît alors à la fois comme un facteur de division au sein de chacune des classes sociales et comme un phénomène transcendant les barrières existant entre elles.
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