Figures marquantes de notre histoire : Samuel de Champlain et les explorateurs de l’Amérique française

6 oct 2015

En 1603, Champlain remonte le fleuve Saint-Laurent en compagnie de François Pont-Gravé qui l’initie tant au territoire qu’à ses habitants. Dès le départ, la rencontre avec ces derniers prendra l’allure d’une alliance. Celle-ci rendra possible la naissance d’une Amérique française. Champlain et Pont-Gravé sont toutefois d’abord entraînés vers l’Acadie. Champlain se lance alors dans la reconnaissance de la côte atlantique. Il songe même à se rendre jusqu’à la Floride dont il connaît l’existence. De retour sur le Saint-Laurent en 1608, il entreprend des explorations qui jettent les bases de la Nouvelle-France. Il envoie de jeunes Français chez les Autochtones pour en faire des truchements. Après la mort de Champlain, ces derniers se font guides et interprètes. Les Français atteignent la Baie d’Hudson, le golfe du Mexique, les Rocheuses. Après la conquête britannique ils se mettent au service du conquérant. On les retrouve au côté d’Alexander Mackenzie, David Thompson, Lewis et Clark et de tous ceux qui ont parcouru, exploré, cartographié et nommé l’Amérique du Nord.

Date : 6 octobre 2015 à 19 h
Invité : Denis Vaugeois, historien et éditeur
Animateur : Éric Bédard, historien
Lieu : Auditorium de la Grande Bibliothèque

À propos de Denis Vaugeois

Historien et éditeur, Denis Vaugeois a fondé les Éditions du Septentrion. Ses travaux portent principalement sur la présence française en Amérique, sur les Amérindiens et les Juifs. Il a été un des principaux artisans du journal historique Boréal Express, de Canada-Québec et de L’Indien généreux, ce que le monde doit aux Amériques. Au fil des décennies, il a publié de nombreux ouvrages dont Champlain, la naissance de l’Amérique française (Septentrion 2004, codirection avec Raymonde Litalien) et Les Premiers Juifs d’Amérique 1760-1860 (Septentrion, 2011). Avec Raymonde Litalien et Jean-François Palomino, il a coécrit La Mesure d’un continent. Atlas historique de l’Amérique du Nord 1492-1914. Au fil des ans, plusieurs prix et distinctions lui ont été décernés, dont le prix Samuel de Champlain et le prix Gérard Parizeau pour l’ensemble de ses travaux sur l’Amérique française, ainsi qu’un doctorat honorifique de l’Université Laval.

Texte de l’invité

En févier 1618, Champlain prépare deux mémoires, l’un à l’intention du Roi et l’autre à l’intention de la Chambre de Commerce. Au-delà d’un ambitieux programme de colonisation, il revient sur une idée qui l’habite tout comme elle hante les Européens depuis longtemps, tout particulièrement depuis les voyages de Christophe Colomb. « Le sieur de Champlain prétend trouver le passage […] pour aller à la Chine et aux Indes orientales par le moyen du fleuve Saint-Laurent. » Champlain rédige les deux mémoires à la 3e personne comme s’il voulait leur donner un ton plus solennel. Le fleuve serait donc, selon lui, la porte d’entrée tant recherchée. En conséquence, il annonce des profits mirobolants et des revenus de douane à être perçus de « tous les marchands de la chrétienté, s’il plaît au roi de leur octroyer leur passage », soit un raccourci de « plus d’un an et demi de temps, sans le danger des corsaires ». En effet, jusqu’à cette époque, les Européens doivent contourner l’Afrique par le Cap de Bonne Espérance ou l’Amérique du Sud par le détroit de Magellan. Pour compléter le tableau, Champlain prévoit la construction, à l’embouchure de la rivière Saint-Charles, d’une ville nommée Ludovica en l’honneur du roi Louis XIII, laquelle serait doublée d’une forteresse érigée sur une élévation face au fleuve.